sana repondre, la bouche ouverte,
les yeux ecarquilles.
--Eh bien! continua Mme des Ormes avec impatience, vous hesitez? Vous
etiez pret a executer toutes mes volontes, disiez-vous.
PAOLO
--Certainement, signora... sans aucun doute... mais.., mais...
MADAME DES ORMES
--Mais quoi? Voyons, dites. Parlez...
PAOLO
--Signora... ze donne des lecons... a M. Francois.
MADAME DES ORMES
--Combien gagnez-vous?
PAOLO
--Cinquante francs par mois, signora.
MADAME DES ORMES
--Je vous en donne cent...
PAOLO
--Mais, le pauvre Francois...
MADAME DES ORMES
--Eh bien! vous aurez deux heures de conge par jour; vous emmenerez
Christine chez le petit de Nance.
PAOLO
--Mais..., signora, ze demeure bien loin..., M. de Nance est loin...,
pour revenir, c'est loin.
MADAME DES ORMES
--Mon Dieu! que de difficultes! Vous logerez ici... Voulez-vous, oui ou
non?
Christine le regarda d'un air si suppliant qu'il repondit presque malgre
lui:
--Ze veux, signora, ze veux, mais...
--C'est bien, je vais faire preparer votre chambre. Venez dejeuner.
Viens, Christine.
Paolo suivit, abasourdi de son consentement, qu'il avait donne par
surprise, Christine avait l'air radieux; elle lui serra la main a la
derobee et lui dit tout bas:
"Merci, mon bon, mon cher monsieur Paolo".
A table, Mme des Ormes annonca a son mari que Paolo allait demeurer
au chateau et qu'il se chargeait de Christine. M. des Ormes eut l'air
surpris et mecontent, et dit seulement:
--C'est impossible! Caroline, vous abusez de la complaisance de M.
Paolo.
MADAME DES ORMES
--Mais non; je lui donne cent francs par mois.
Paolo devint fort rouge; le mecontentement de M. des Ormes devint plus
visible; il allait parler, lorsque Mme des Ormes s'ecria avec humeur:
--De grace, mon cher, pas d'objection. C'est fait; c'est decide.
Laissez-nous dejeuner tranquillement... Voulez-vous une cotelette ou un
fricandeau, monsieur Paolo?
PAOLO
--Cotelette d'abord; fricandeau apres, signora.
Mme des Ormes le servit abondamment, et lui fit donner du vin, du
cafe, de l'eau-de-vie. Quand on eut fini de dejeuner, elle lui demanda
d'emmener Christine dans le parc.
M. DES ORMES
--Je vais emmener Christine; il faut bien que ce soit moi qui me charge
de la promener ce matin, puisqu'il n'y a personne pres d'elle. Viens.
Christine.
Il emmena sa fille, la questionna sur Mina, se reprocha cent fois de
n'avoir pas surveille cette mech
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