s que lui donnait Paolo,
Francois retourna avec son pere chez les Sibran; il monta, comme la
veille, chez Maurice et Adolphe, qui le virent entrer avec surprise.
Maurice rougit et voulut parler, mais il ne dit rien.
FRANCOIS
--Bonjour, Maurice; bonjour, Adolphe; j'espere que vous allez un peu
mieux aujourd'hui... Vos yeux sont plus animes et vous etes moins
pales... Je ne vous ferai pas une longue visite... comme hier...
seulement pour vous raconter que M. de Guilbert va demain s'etablir a
Argentan, ou il a trouve une maison a louer, pendant qu'il fait rebatir
son chateau brule... Il parait qu'il ne perdra rien, parce que la
compagnie d'assurances lui paye tous ses meubles et son chateau...
Adieu, pauvre Maurice; adieu, Adolphe; je prie toujours le bon Dieu
qu'il vous guerisse bientot.
Francois leur fit un salut amical et se dirigea vers la porte.
"Francois!" appela Maurice aune voix faible. Francois retourna bien vite
pres de son lit.
MAURICE
--Francois! pardonnez-moi; pardonnez a Adolphe. Vous etes bon, bien bon!
Et nous, nous avons ete si mauvais, moi surtout! Oh! Francois! comme
Dieu m'a puni! Si vous saviez comme je souffre! De partout! Et toujours,
toujours! Ces appareils me genent tant! Pas une minute sans souffrance!
FRANCOIS
--Pauvre Maurice! Je suis bien triste de ce terrible accident. Je ne
puis malheureusement pas vous soulager: mais si je croyais pouvoir vous
distraire, vous etre agreable, je viendrais vous voir tous les jours.
MAURICE
--Oh oui! Bon, genereux Francois! Venez tous les jours; restez bien
longtemps.
FRANCOIS
--A demain donc, mon cher Maurice; a demain, Adolphe.
Des qu'il fut sorti, le regard douloureux de Maurice se reporta sur son
frere.
--Pourquoi n'as-tu rien dit, Adolphe? Comment n'as-tu pas ete touche de
la bonte de ce pauvre Francois, que nous avons recu si grossierement
avant-hier et qui veut continuer ses visites, malgre notre mechancete?
ADOLPHE
--Je deteste ce vilain bossu; les bossus sont toujours mechants; c'est
toi-meme qui l'as dit.
MAURICE
--J'ai mal dit, car Francois est bon.
ADOLPHE
--Est-ce qu'on sait s'il est bon ou mechant?
MAURICE
--Ce qu'il fait nous prouve qu'il est bon. S'il vient demain, je t'en
prie, sois poli pour lui, et parle-lui.
Adolphe ne repondit pas; Maurice etait fatigue, il ne dit plus rien.
En revenant a la maison avec son pere, Francois lui raconta avec bonheur
ce que lui avait dit Maurice, M. de N
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