cois; je veux rester avec
Francois.
MADAME DES ORMES
--Dieu! quel ennui! Que vais-je devenir avec une figure pleurante en
face de moi? Mon bon monsieur de Nance, de grace, venez faire Assuerus.
M. DE NANCE
--Impossible, madame: je ne me ferai jamais comedien.
MADAME DES ORMES
--Que faire alors? Venez a mon secours.
M. DE NANCE
--Madame,... M. de Nance hesita.
MADAME DES ORMES
--Quoi, quoi? dites, dites, mon cher monsieur de Nance. Delivrez-moi de
cet ennui; je ne peux pas supporter la lutte.
M. DE NANCE
--Madame... je vous offre un moyen de vous en delivrer. Laissez-moi
Christine; vous serez bien plus libre, sans aucun embarras, aucune gene.
MADAME DES ORMES
--Mais pour vous quel ennui! quelle charge!
M. DE NANCE
--Non, madame; je jouirai d'abord du bonheur de ces deux enfants, et
puis de la satisfaction de vous rendre un service, quelque leger qu'il
soit.
MADAME DES ORMES
--Leger? mais c'est un enorme service que vous me rendez. C'est vrai!
Cette pauvre Christine! elle serait sans cesse derangee de sa chambre
pour mes soirees, mes diners: elle serait mal, tres mal. Chez vous elle
sera tres bien; c'est une chose decidee alors. Je vous l'envoie demain
avec Isabelle. Seulement, comme j'ai besoin de mes chevaux et de mes
gens, je l'enverrai dans la charrette de la ferme avec ses effets.
M. DE NANCE
--Ne derangez personne, madame, j'irai prendre moi-meme Christine et
Isabelle.
MADAME DES ORMES
--Merci, cher monsieur; vous me rendez un service d'ami; je vous en
remercie infiniment. Envoyez-moi Paolo pour Assuerus.
M. de Nance, delivre de son inquietude pour Francois et Christine, rit
bien franchement a la pensee de Paolo en Assuerus. Mais il promit de
l'envoyer le soir meme. Il allait s'eloigner, lorsque Mme des Ormes le
rappela.
--Monsieur de Nance!... cher Monsieur de Nance, vous etes si bon, que
vous voudrez bien, j'en suis sure, completer votre obligeance en prenant
Christine aujourd'hui meme; j'ai tant a faire! M. des Ormes est parti
ce matin; je dine chez ma belle-soeur de Cemiane; je ne verrai pas
Christine; alors j'aime mieux vous la donner de suite.
M. DE NANCE
--De tout mon coeur, chere Madame: quand faut-il que je vienne la
prendre?
MADAME DES ORMES
--Tout de suite! Remmenez-la, et envoyez votre carriole pour ses effets,
qu'Isabelle mettra dans une malle. Adieu, Christine; adieu, ma fille;
sois bien sage, bien obeissante; ne fais pas enrager ce
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