; je vous expliquerai cela plus
tard. Assuerus est un roi; ce sera vous.
PAOLO
--Mais ze ne peux pas etre roi, Signora. Ze ne souis qu'un pauvre
medecin italien.
MADAME DES ORMES
--Que vous etes nigaud, mon cher! Vous ne serez pas roi pour de bon, ce
sera pour rire; et je serai votre Esther, votre femme.
PAOLO, effraye.
--Oh! Signora, c'est impossible! Ce bon M. des Ormes! Non, non! Ze ne
pouis pas accepter ca, Signora. Ze souis trop zeune pour que vous soyez
ma femme.
MADAME DES ORMES
--Mais puisque je vous dis que tout cela est pour rire, pour s'amuser.
Il faut absolument que je voua emmene.
PAOLO
--Signora, de grace! laissez-moi avec M. de Nance mon bon ami. Ze souis
trop bete pour etre un roi.
MADAME DES ORMES
--Ca ne fait rien, Assuerus etait tres bete. Vous allez coucher ici; je
vous emmenerai demain avec moi. Brigitte, faites preparer un lit pour M.
Paolo, je l'emmene a Paris. Sans adieu, mon cher Paolo.
Brigitte, faites preparer un diner pour M. Paolo. Je pars; a demain.
Mme des Ormes sauta dans un coupe, qui s'eloigna rapidement. Paolo resta
sur le perron sans voix et sans mouvement. Revenant a lui enfin et se
frappant la tete de ses poings:
--Imbecile! qu'ai-ze fait? Elle va m'emmener! ze ne veux pas moi avoir
oune femme si horrible et si ridicoule! Ze veux la laisser au pauvre M.
des Ormes!... Quel diable d'Assouerous! Ze ne souis pas Assouerous! ze
souis le pauvre Paolo, et ze veux etre le pauvre Paolo et rester avec
le bon M. de Nance qui ne me fait zamais enrazer comme cette femme
ridicoule. Et ze veux rester et donner des lecons a mon petit
Francois... Quel bon garcon!... Et a ma Christinetta!... Quelle bonne,
douce demoiselle! Si vive, si gaie, et qui vous entortille avec ses
grands yeux bleus si doux, et qui rient toujours... Quoi faire? Ze vais
parler a M. de Nance; ze me moque bien du diner de la Signora; ze ne
veux pas de son diner, moi.
Paolo partit en courant, malgre les cris de Brigitte, et arriva tout
essouffle chez M. de Nance au moment ou les enfants venaient de se
coucher.
M. DE NANCE
Qu'y a-t-il donc, mon pauvre Paolo? Vous arrivez comme un homme
poursuivi par des loups.
PAOLO
Oh! caro Signor, z'aimerais mieux une bande de loups que Mme des Ormes;
ze me souis sauve ce vous; elle veut m'emmener, me faire roi Assouerous,
m'epouser. C'est impossible, Signor! impossible! Ze ne veux pas etre son
mari! Ze ne veux pas sasser ce pauvre M. des Ormes! Q
|