e des Ormes repoussa legerement Paolo, ferma la porte et sonna sa
femme de chambre pour se faire apporter ses robes blanches, roses,
bleues, lilas, vertes, grises, violettes, unies, rayees, quadrillees,
mouchetees, etc., afin de choisir et arranger celle du lendemain.
Paolo remonta chez Christine, raconta a sa maniere ce qui s'etait
passe entre lui et Mme des Ormes. Il fut decide que Paolo donnerait
a Christine sa lecon, qu'il remmenerait Isabelle chez M. de Nance et
qu'elle viendrait le lendemain assez a temps pour habiller Christine,
qui devait aller diner chez Mme de Guilbert.
XI
M. DES ORMES GATE L'AFFAIRE
Paolo tombait de fatigue de ses allees et venues de la journee; il resta
a diner chez M. de Nance, auquel il raconta la facon bizarre dont Mme
des Ormes avait accepte Isabelle. Francois fut heureux de la certitude
du bonheur de son amie Christine; mais, une fois la chose assuree, il
sentit peniblement le vide que laisserait dans la maison l'absence de
sa bonne. Il comprit mieux le sacrifice qu'il avait genereusement concu
pour le bien de sa petite amie, quand il fut accompli. Encore une nuit
passee sous le meme toit, et sa bonne ne serait plus la pour l'aimer, le
consoler dans ses petits chagrins, le caliner dans ses petits maux. Sa
tristesse fut de suite apercue par son pere, qui en devina facilement la
cause.
--Ton sacrifice est accompli, cher enfant, et malgre le chagrin que te
causera l'absence de ta bonne, tu auras toujours la grande satisfaction
de penser que tu es l'auteur d'une nouvelle et heureuse vie pour ta
petite amie; peut-etre serait-elle tombee encore sur une femme mechante
comme Mina, ou tout au moins indifferente et negligente. Avec Isabelle,
il est certain qu'elle sera aussi heureuse que peut l'etre un enfant
neglige par ses parents, et ce sera a toi qu'elle devra non seulement
son bonheur present, mais le bonheur de toute sa vie, car elle sera bien
et pieusement elevee par Isabelle.
--C'est vrai, papa, c'est une grande consolation et un grand bonheur
pour moi aussi, et je vous assure que je ne regrette pas d'avoir donne
ma bonne a Christine; que je suis tres content...
Le pauvre Francois ne put achever; il fondit en larmes; son pere
l'embrassa, le calma en lui rappelant que sa bonne restait dans le
voisinage, qu'il pourrait la voir souvent, et que Christine, qui avait
un excellent coeur, lui tiendrait compte de son sacrifice en redoublant
d'amitie pour lui. Ces reflexions secher
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