ent les larmes de Francois, et
il resolut de garder tout son courage jusqu'a la fin.
Le lendemain, quand Isabelle dut partir, il demanda a son pere la
permission d'accompagner sa bonne jusque chez Christine.
M. DE NANCE
--Certainement, mon ami; mais qui est-ce qui te ramenera?
FRANCOIS
--Paolo, papa, qui est chez Christine pour ses lecons; nous reviendrons
ensemble dans la carriole qui portera les effets de ma bonne, et il me
donnera ma lecon d'italien et de musique au retour.
M. DE NANCE
--Tres bien, mon ami; je te proposerais bien de te mener moi-meme, mais
je crains d'ennuyer M. et Mme des Ormes, qui m'ennuient beaucoup: la
femme par sa sottise et son manque de coeur a l'egard de sa fille, et le
mari par sa faiblesse et son indifference.
Francois partit donc avec Isabelle; ils prefererent aller a pied pendant
qu'une carriole porterait les malles au chateau des Ormes. Ils firent la
route silencieusement; Francois retenait ses larmes; la bonne laissait
couler les siennes.
ISABELLE
--Cher enfant, pourquoi m'as-tu demande d'entrer chez Mme des Ormes?
J'aurais pu encore passer deux ou trois mois avec toi.
FRANCOIS
--Et apres, ma bonne, il aurait fallu tout de meme nous separer! Et tu
aurais ete placee loin de moi, tandis que chez Christine je pourrai te
voir tres souvent. Si tu avais pu rester toujours chez papa!... Mais tu
as dit toi-meme que, n'ayant rien a faire depuis que je sortais sans
toi, que je couchais pres de papa, que je travaillais loin de toi, tu
t'ennuyais et que tu etais malade d'ennui. Tu cherchais une place, et
en entrant chez Christine tu restes pres de moi, tu me fais un grand
plaisir en me rassurant sur son bonheur, et tu seras maitresse de faire
tout ce que tu voudras, puisque Mme des Ormes ne s'occupe pas du tout de
la pauvre Christine.
--Tu as raison, mon Francois, tu as raison, mais... il faut du temps
pour m'habituer a la pensee de vivre dans une autre maison que la
tienne, ne pas t'embrasser tous les matins, et tant d'autres petites
choses que j'abandonne avec chagrin.
Francois pensait comme sa bonne, il ne repondit pas; ils arriverent au
chateau des Ormes, ils monterent chez Christine, qui finissait sa lecon
avec Paolo. En apercevant Francois elle poussa un cri de joie et se
jeta a son cou. Francois, deja dispose aux larmes, s'attendrit de ce
temoignage de tendresse et pleura amerement.
--Francois, mon cher Francois, pourquoi pleures-tu? s'ecria Christine en
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