mari, monta dans la voiture, prit Christine
pres d'elle et dit au cocher:
"Chez M. de Nance".
M. DES ORMES
--Comment! vous ne m'attendez pas? Vous allez chez M. de Nance? Pour
quoi faire? c'est ridicule.
MADAME DES ORMES
--Je sais ce que je fais, et vous, vous ne savez pas ce que vous faites.
Allez, Daniel.
Daniel partit, laissant M. des Ormes stupefait et tres mecontent. Une
demi-heure apres, il fit atteler une petite voiture decouverte et partit
de son cote.
XII
MME DES ORMES RACCOMMODE L'AFFAIRE
Mme des Ormes arriva chez M. de Nance au moment ou la voiture de ce
dernier avancait au perron. M. de Nance attendait seul et fut tres
surpris de voir Mme des Ormes et Christine descendre de leur voiture.
MADAME DES ORMES
--Monsieur de Nance, attendez un instant; ou est Isabelle? Il faut
que je lui parle. M. des Ormes a fait une sottise comme il en fait si
souvent. Ne connaissant pas Isabelle, il l'a prise pour une aventuriere
et l'a fait partir, ne sachant pas que je l'eusse vue et arretee. Il est
fort contrarie, je suis desolee, Christine est desesperee, et il faut
que je voie Isabelle et que je la ramene chez moi.
M. DE NANCE
--Madame, a vous dire vrai, je ne crois pas que vous reussissiez, car
elle doit etre fort blessee du procede de M. des Ormes; elle n'est pas
encore de retour; revenant a pied par la traverse, elle sera ici dans un
quart d'heure.
MADAME DES ORMES
--Eh bien! je l'attendrai chez vous Je ne pars pas avant d'avoir arrange
cette affaire.
Un peu contrarie, M. de Nance lui offrit le bras et la mena dans le
salon, ou ils trouverent Francois qui venait de rejoindre son pere; il
fit un cri de joie en voyant Christine et une exclamation de surprise en
apercevant ses yeux rouges et les traces de ses larmes.
FRANCOIS
--Christine, qu'as-tu? Pourquoi viens-tu? Qu'est-il arrive?
--Ta bonne est partie, dit Christine, recommencant a sangloter.
FRANCOIS
--Partie! Ma bonne! Et pourquoi?
CHRISTINE
--Papa l'a renvoyee.
FRANCOIS
--Renvoye ma bonne! ma pauvre bonne! et pourquoi?
CHRISTINE
--Je ne sais pas; il ne la connaissait pas.
Francois resta muet; combattu entre la joie de revoir sa bonne pour
quelque temps encore et le chagrin de Christine, il ne savait ce qu'il
devait regretter ou desirer, Mme des Ormes expliquait a M. de Nance la
gaucherie de M. des Ormes; M. de Nance, ne sachant s'il devait l'accuser
avec Mme des Ormes ou combattre l'accusation,
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