n tas; la porte
s'ouvrit, et Paolo entra au salon suivi d'Isabelle.
--Signora, madama, dit-il en saluant a plusieurs reprises, z'ai
l'honneur de presenter la dona Isabella.
Mme des Ormes, etonnee, salua la dame qui accompagnait Paolo, ne sachant
qui elle saluait.
--C'est la dona Isabella: voila, signora, oune lettre de M. de Nance.
De plus en plus surprise, Mme des Ormes ouvrit la lettre, la lut et
regarda la bonne; l'air digne et modeste, doux et resolu de cette femme
lui plut.
MADAME DES ORMES
--Vous desirez entrer chez moi? D'apres la lettre de M. de Nance, je
n'ai aucun renseignement a prendre; vous aviez six cents francs de
gages chez M. de Nance; je vous en donne sept cents et tout ce que vous
voudrez, pour que je n'entende plus parler de rien et qu'on me laisse
tranquille, Entrez chez moi tout de suite: je n'ai personne aupres de
ma fille. Tenez, emmenez Christine avec ses livres et ses paperasses.
Monsieur Paolo, vous allez lui donner la lecon la-haut dans sa chambre.
--Et le piano, signora?
--Je ne veux pas qu'elle touche au piano du salon; faites comme vous
voudrez, ayez-en un ou vous pourrez, pourvu que je n'aie rien a acheter,
rien a payer, et qu'on ne m'ennuie pas de lecons et de tout ce qui
les concerne. Au revoir, monsieur Paolo; allez, Isabelle: va-t'en,
Christine.
Et elle disparut. Paolo tout demonte, Isabelle fort etonnee, Christine
tres ahurie, quitterent le salon; Christine succombait sous le poids des
livres et des cahiers; Isabelle les lui retira des mains; Paolo les prit
a son tour des mains d'Isabelle.
--Permettez, dona Isabella, c'est trop lourd pour vous. Mais... ou
faut-il les porter, signorina Christina?
CHRISTINE
--En haut, dans ma chambre. Qui est cette dame? demanda-t-elle tout bas
a Paolo.
PAOLO
--C'est la bonne que vous a donnee votre ami Francois; c'est sa bonne,
dona Isabella.
CHRISTINE
--C'est vous, madame Isabelle, que Francois aime tant? Il m'a bien
souvent parle de vous... Et vous voulez bien quitter le pauvre Francois
pour rester avec moi?
ISABELLE
--Oui, mademoiselle; j'ai du chagrin de quitter mon cher petit Francois;
j'aurais voulu rester encore l'ete pres de lui, mais il m'a tant
suppliee de venir chez vous, que je n'ai pu lui resister. Je ne sais pas
quand votre maman desire que j'entre tout a fait. Ne pourriez-vous pas
le lui demander, mademoiselle?
CHRISTINE
--Je n'ose pas; il vaut mieux que ce soit M. Paolo, que maman a l'a
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