idite qu'ils deployaient devant chaque
plat qu'on leur servait.
Quand leur appetit fut un peu satisfait. Gabrielle leur demanda comment
et ou ils s'etaient perdus.
CECILE
--Nous voulions tricher et aller au dela du carre que vous nous aviez
fixe pour nous cacher, et nous sommes entres dans le bois; nous avons
couru pour revenir a la maison sans que vous nous vissiez; mais nous
nous sommes trompes de chemin et nous avons marche longtemps, bien
longtemps, sans savoir ou nous etions. Maurice et Adolphe avaient peur
et pleuraient...
MAURICE, interrompant.
--Pas du tout, je n'avais pas peur, et je riais.
CECILE
--Tu riais? Ah! ah! joliment! Tu pleurais, mon cher, et c'est Helene qui
te rassurait et qui te consolait. Laisse-moi finir notre histoire...
Nous marchions ou plutot nous courions toujours en avant, lorsque deux
chiens enormes et tres mechants s'elancent d'un hangar et veulent se
jeter sur nous; nous crions: Au secours! Nous courons, les chiens
courent apres noua, nous attrapent, se jettent sur nous l'un apres
l'autre, dechirent nos vetements, nous barrent le chemin et nous
forcent, en aboyant apres nous, a retourner sur nos pas. Un bonhomme
sort de la maison et appelle les chiens: "Rustaud! Partavo!" Les chiens
nous quittent et l'homme vient a nous.
"--Mes chiens vous ont fait peur, messieurs, mesdemoiselles? Faites
excuse! Ils sont jeunes, ils sont joueurs; ils ne vous auraient pas
mordus tout de meme.
"Nous pleurions tous et nous ne pouvions repondre: l'homme s'en apercut.
"--Est-ce que ces messieurs et ces demoiselles ont quelque chose qui
leur fait de la peine? Si je pouvais vous venir en aide, disposez de
moi, je vous en prie.
"--Nous sommes perdus", lui repondit Maurice en sanglotant.
MAURICE, interrompant.
--Ah! par exemple! Je sanglotais? Moi? J'avais froid et je grelottais:
voila tout.
CECILE
--Froid? Par un temps pareil? Tu suais et tu sues encore; je te dis que
tu sanglotais. Laisse-moi raconter; ne m'interromps plus.
"--Perdu? D'ou etes-vous donc, messieurs, mesdemoiselles? nous demanda
l'homme.
"--Nous venons du chateau des Ormes.
"--Ah bien, vous serez bientot de retour: vous etes dans le parc.
"--Mais le parc est si grand que nous ne savons plus comment revenir.
"--Je vais vous ramener, messieurs, mesdemoiselles; excusez: mes chiens,
s'il vous plait, ils ne savaient pas a qui ils avaient affaire".
--L'homme nous a ramenes jusqu'au chateau, et j'ai bien
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