ris.
PAOLO
--Pour venzeance; c'est bon, venzeance.
FRANCOIS
--Non, c'est mauvais; je pardonne, j'aime mieux cela Notre-Seigneur
pardonne toujours. C'est le demon qui se venge.
--Qui vous a appris cela? demanda Paolo avec surprise.
FRANCOIS
--C'est mon cher et bon maitre, papa.
CHRISTINE
--J'aime beaucoup ton papa, Francois.
FRANCOIS
--Tu as raison, il est si bon! Et il t'aime bien aussi.
CHRISTINE
--Pourquoi m'aime-t-il?
FRANCOIS
--Parce que tu m'aimes et parce que tu es bonne.
CHRISTINE
--C'est drole! C'est la meme chose que moi, Je l'aime parce qu'il t'aime
et qu'il est bon.
Il etait tard; le diner, retarde d'abord, interrompu ensuite, avait dure
fort longtemps. De plus, les habits dechires de Maurice et d'Adolphe,
les robes et jupons en lambeaux de Mlles de Guilbert, rendaient
impossible un plus long sejour chez Mme des Ormes. Mais, en se retirant,
Mme de Guilbert engagea a diner chez elle, pour la semaine suivante,
toutes les personnes qui se trouvaient dans le salon, y compris les
enfants.
VII
PREMIER SERVICE. RENDU PAR PAOLO A CHRISTINE
Francois repondit poliment a l'adieu que lui adresserent Maurice et
Adolphe, un peu embarrasses vis-a-vis de lui depuis qu'ils savaient que
M. de Nance etait son pere. M. de Nance passait dans le pays pour avoir
une belle fortune; et il avait la reputation d'un homme excellent,
religieux, charitable et pret a tout sacrifier pour le bonheur de son
fils. Son grand chagrin etait l'infirmite du pauvre Francois qui avait
ete droit et grand jusqu'a l'age de sept ans, et qu'une chute du haut
d'un escalier avait rendu bossu. Quand Mme de Guilbert l'engagea a
diner, il commenca par refuser; mais, Mme de Guilbert lui ayant dit que
Francois etait compris dans l'invitation, il accepta, pour ne pas priver
son fils d'une journee agreable avec ses amis Bernard, Gabrielle et
surtout Christine. Toute la societe se dispersa une heure apres le
depart des Sibran et des Guilbert. Christine promit a ses cousins de
demander la permission d'aller les voir le lendemain dans la journee.
--Tache de venir aussi, Francois; noua nous rencontrerons tous en face
du moulin de mon oncle de Cemiane.
FRANCOIS
--Non, Christine; il faut que je travaille; je passe deux heures chez M.
le cure avec Bernard, et je reviens a le maison pour faire mes devoirs.
Et toi, est-ce que tu ne travaillea pas?
CHRISTINE
--Non, je lis un peu toute seule.
FRANCOIS
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