dit a Maurice
et a Adolphe que c'etait leur faute si nous nous etions perdus, parce
qu'ils voulaient jouer un mauvais tour a Francois et a Christine.
MAURICE
--Ce n'est pas vrai, mademoiselle: vous avez triche tout comme moi et
mon frere.
HELENE
--Parce que vous nous avez persuadees; n'est-ce pas, Cecile?
CECILE
--Oui, c'est tres vrai; tu es furieux contre Francois parce qu'il t'a
riposte tres spirituellement, et contre Christine parce qu'elle a
defendu Francois; et je trouve qu'elle a bien fait et que tu as mal
fait.
Les parents ecoutaient le recit et la discussion; Mme des Ormes la
termina en disant:
--Christine se mele toujours de ce qui ne la regarde pas; on dirait que
Francois a besoin d'elle pour se defendre. Je te prie, Christine, de te
taire une autre fois.
CHRISTINE
--Mais, maman, ce pauvre Francois est si bon qu'il ne veut jamais se
venger, et...
MADAME DES ORMES
--Et c'est toi qui te jettes en avant, sottement et impoliment. Si tu
recommences, je t'empecherai de voir Francois... Va te coucher, au
reste: dans ton lit, du moins tu ne feras pas de sottises.
M. de Nance comprit le regard suppliant de Christine et l'air desole de
Francois.
--Madame! dit-il a Mme des Ormes, veuillez m'accorder la grace de Mlle
Christine; en la punissant de son acte de courage et de generosite, vous
punissez aussi mon fils et tous ses jeunes amis. Vous etes trop bonne
pour nous refuser la faveur que nous sollicitons.
MADAME DES ORMES
--Je n'ai rien a vous refuser, monsieur. Christine, restez, puisque
M. de Nance le desire, et venez le remercier d'une bonte que vous ne
meritez pas.
Christine s'avanca vers M. de Nance, leva vers lui des yeux pleins de
larmes, et commenca:
--Cher monsieur..., cher monsieur..., merci...
Puis elle fondit en larmes; M. de Nance la prit dans ses bras et
l'embrassa a plusieurs reprises en lui disant tout bas:
--Pauvre petite!... Chere petite!... Tu es bonne!... Je t'aime bienl...
Ces paroles de tendresse consolerent Christine; ses larmes s'arreterent,
et elle reprit sa place pres de Francois, qui avait ete fort agite
pendant cette scene.
Paolo n'avait rien dit depuis le commencement du diner, qui avait
absorbe toutes ses facultes; mais on se levait de table, il avait tout
entendu et observe; il s'approcha de Francois et lui dit:
--Quand ze vous ferai grand, vous donnerez soufflets au grand vaurien,
le Maurice.
--Pourquoi? lui demanda Francois surp
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