--Oui, oui, commencons; demandons les pechettes, la viande crue, les
paniers.
BERNARD
--Mais il nous faut quelqu'un pour nous aider.
FRANCOIS
--Voici tout juste M. Paolo; mais il ne nous voit pas.
Les enfants se mirent a crier:
"Monsieur Paolo! par ici!"
Paolo se retourne et s'avance vers eux a pas precipites. Il salue:
--Messieurs, mesdemoiselles..., a quel service vous voulez Paolo? Le
voici!
FRANCOIS
--Mon bon monsieur Paolo, voulez-vous nous aider a arranger nos
pechettes pour prendre des ecrevisses?
PAOLO
--Oui, signor; tout pour votre service. Paolo reconnaissant, n'oublie
jamais ni bon ni mauvais.
Tous coururent chercher ce qu'il leur fallait, et revinrent pres du
ruisseau; Paolo allait, venait, deployait les pechettes, les mettait
dans l'eau.
"Pas la, pas la, monsieur Paolo, criaient les enfants; il y a des
branches qui accrochent la pechette".
Paolo changeait de place.
"Pas la, pas la! criaient Bernard et Gabrielle: il n'y en a pas; il n'y
a que des pierres."
PAOLO
--L'ecrevisse aime les pierres, signor Bernardo.
BERNARD
--Quand les pierres sont dans l'eau, mais pas quand elles sont perchees
en l'air.
PAOLO
--L'ecrevisse a des pattes, signor Bernardo.
BERNARD
--Pour marcher dans l'eau, mais pas pour en sortir, grimper et tomber.
PAOLO
--L'ecrevisse a oune queue, signor Bernardo.
BERNARD
--Pour se soutenir dans l'eau, mais pas en l'air.
PAOLO
--L'ecrevisse a oune peau dure, signor Bernardo.
BERNARD
--Ah bah! Vous m'ennuyez, monsieur Paolo! Je vous dis que les pechettes
sont tres mal la! Donnez-les-moi, que je les place comme il faut.
PAOLO
--Voila, signor Bernardo.
Paolo tendit la pechette deja accrochee a une racine qui sortait d'un
rocher. Bernard la prit et la placa avec deux autres dans un recoin ou
venaient se refugier quelques ecrevisses.
Pendant qu'il arrangeait ses pechettes, Paolo restait immobile, un peu
honteux, un peu mecontent et n'osant le temoigner. Francois et Christine
s'apercurent de son embarras, et s'approcherent de lui:
"Mon cher monsieur Paolo, lui dit tout bas le petit Francois, prenons
les quatre pechettes qui restent, et allons les mettre pres d'un rocher
ou vous vouliez mettre les autres; je suis sur qu'il y a des ecrevisses
par la."
--Voua croyez, signor excellentissimo? dit Paolo d'un air joyeux.
CHRISTINE
--Oui, oui, Francois a raison, mon pauvre monsieur Paolo; venez avec
nous.
Pa
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