s?
CHRISTINE
Vraiment! Vous lui donnez cinq a six ans? Vous devez le trouver bien
avance pour son age? Il a mieux repondu que vous, et il connait Esope
mieux que vous.
--Les enfants tres jeunes ont quelquefois des idees au-dessus de leur
age, dit Maurice tres pique.
CHRISTINE
C'est vrai! De meme que les jeunes gens ont quelquefois des paroles
au-dessous de leur age. Mais je vous previens que Francois a douze ans,
et qu'il est tres avance pour son age.
MAURICE
M. Francois a douze ans? Je ne l'aurais jamais cru. Moi aussi, j'ai
douze ans.
CHRISTINE
Douze ans! Je ne l'aurais jamais cru!
MAURICE
Quel age me croyez-vous donc? Quatorze? Quinze?
CHRISTINE
Non, non; cinq ou six tout au plus.
--Christine, tu defends bien tes amis, dit Gabrielle en l'embrassant.
--Et ses amis en sont bien reconnaissants, dit Francois en l'embrassant
a son tour.
--Et nous t'en aimons davantage, dit Bernard, l'embrassant de son cote.
--Et moi aussi, il faut que j'embrasse la signorina, s'ecria Paolo en
saisissant Christine et en appliquant un baiser sur chacune de ses
joues.
--Ah! vous m'avez fait peur, dit Christine en riant. Je ne merite pas
tous ces eloges; j'etais fachee que Maurice et Adolphe fissent de la
peine a Francois, et j'ai repondu sans y penser.
HELENE, riant
--Il faudra prendre garde a Christine quand elle sera grande.
FRANCOIS
--Elle est bien bonne et ne dit jamais de mechancetes a personne
pourtant.
ADOLPHE, avec ironie.
--Vous trouvez? Ce que c'est que d'avoir de l'esprit!
CHRISTINE
--Et du coeur.
BERNARD
--Ah ca! quand finirons-nous nos disputes a coups de langue? Si nous
sortions avant le diner? Nous avons encore une heure.
--Sortons, repondirent toutes les voix ensemble.
Et tous se dirigerent vers le jardin. Maurice et Adolphe etaient de
mauvaise humeur; ils entraverent tous les jeux, et, n'osant se moquer
tout haut de Francois, ils en rirent tout bas, ainsi que de Christine,
avec Helene et Cecile.
Apres avoir rejete plusieurs jeux, ils accepterent enfin celui de
cache-cache; on se divisa en deux bandes: l'une se cachait, l'autre
cherchait. Maurice et Adolphe choisirent pour leur bande Helene et
Cecile; Francois et Bernard prirent Gabrielle et Christine; le sort
designa les premiers pour se cacher, les seconds pour chercher. Quand
ces derniers entendirent le signal, ils se precipiterent dans le bois
pour chercher; mais ils eurent beau courir, fureter,
|