bles funerailles au compte de Louis
le Grand, mais au compte du dix-septieme siecle agonisant dans
l'indifference publique.
Dans les revers de ces dernieres annees, et quand ce roi superbe eut
supporte l'extreme humiliation d'implorer, disons le mot, le pardon
de ces Hollandais qu'il regardait comme des marchands, il sut trouver
encore de grandes et nobles paroles dignes de son ancienne majeste. Ces
Hollandais victorieux eurent le grand tort de manquer de deference et
de respect pour ce digne porteur d'une si belle couronne. A peine s'ils
daignerent ecouter les ambassadeurs du roi, M. l'abbe de Polignac et M.
le marechal d'Uxelles, l'heroique defenseur de Mayence. Pas un peuple
ayant conserve la sagesse, qui n'eut accepte avec reconnaissance les
propositions de ces deux negociateurs. Ils proposaient l'abandon de
l'Alsace, une de nos meilleures provinces, dont la conquete nous avait
donne tant de gloire, et, bien plus, ils s'engageaient, au nom de la
France, a donner aux Etats de Hollande un million par mois, qui devait
servir aux allies pour precipiter Philippe V, un prince Bourbon, du
trone d'Espagne. Ah! quelle misere et quelle honte! et combien les
Hollandais furent mal inspires quand ils rejeterent cette paix si
cherement payee de notre argent et de notre honneur!
"Messieurs, leur disait l'abbe de Polignac, nous rendons graces au ciel
de votre aveuglement. Mais prenez garde aux decrets de la Providence;
elle se lassera de votre orgueil, et s'il plait a Dieu, puisque, en
effet, vous abusez de la victoire, avant qu'il soit peu de temps, nous
traiterons de vous, chez vous et sans vous."
C'etait noblement parler, c'etait dignement servir la France. Elle etait
indispensable, en effet, a l'equilibre europeen, et maintenant que les
deux couronnes de France et d'Espagne etaient heureusement separees,
il importait a la securite de l'Europe de ne pas ecraser cette antique
monarchie et cette France, honneur des nations. Definitivement, par un
de ces retours de fortune qui n'appartiennent qu'aux grands peuples, le
marechal de Villars sauva la France a Denain, et le grand roi, resolu
a s'ensevelir sous les ruines de sa propre monarchie, eut du moins le
supreme honneur de laisser une France agrandie et preponderante dans les
destinees de ce bas monde.
Donc, a soixante et quatorze ans, le vieux roi se retrouva jeune et
victorieux. La paix qu'il avait mais en vain imploree, il eut l'honneur
de la dicter a ses ennemis implac
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