t deplorant sa captivite.
Henri III s'obstinait; mais la reine mere eut compris bien vite que
l'injustice dont elle accablait sa propre fille etait une grande faute.
"Elle m'envoya querir, voua dira Marguerite en ses _Memoires_, qu'elle
avoit dispose les choses d'une facon pacifique, et que si je faisais un
bon accord entre le roi et le roi de Navarre, je la delivrerais d'un
mortel ennui qui la possedait. A ces causes, elle me priait que l'injure
que j'avois recue ne me fit desirer plutot la vengeance que la paix; que
le roi en etoit marry, qu'elle l'en avait vu pleurer, et qu'il me feroit
telle satisfaction que j'en resterois contente."
Au meme instant, Henri III frappait a la porte de la jeune reine, et lui
demandait pardon, avec une infinite de belles paroles. Elle repondit a
son frere qu'elle avait deja oublie toutes ses peines, et qu'elle le
remerciait de l'avoir plongee en cette solitude, ou elle avait compris
les vanites de la fortune. Cependant, quand elle demanda la permission
d'aller rejoindre, en Navarre, le mari qui la rappelait, elle n'obtint
que des refus, la reine et le roi lui remontrant que le roi de Navarre
avait abjure la religion catholique, qu'il etait redevenu huguenot, et
qu'il etait plus menacant que jamais.
IV
C'etait l'heure ou s'ouvraient les etats de Blois, ou les catholiques
organisaient la suinte Ligue, ou le royaume etait en feu, ou plus que
jamais les huguenots etaient suspects. La guerre civile approchait;
on l'entendait venir de toutes parts, et plus les huguenots etaient
menaces, plus la reine de Navarre sollicitait la permission de rejoindre
son mari. Ce fut le plus beau moment de sa vie, a vrai dire; elle etait
eloquente en raison de tant de menaces et de perils:
"Non, non, disait le roi de France, vous n'irez pas rejoindre un
huguenot. J'ai resolu d'exterminer cette miserable religion qui nous
fait tant de mal, et vous, qui etes catholique et fille de France, je
n'irai pas vous exposer aux vengeances de ces traitres."
Plus il parlait, plus il menacait, plus le danger etait grand d'une
fuite a travers la France, et plus la jeune reine etait resolue a ne pas
demeurer dans une cour ou le nom de son mari etait charge de tant de
maledictions.
Mais que faire et que devenir? Comment echapper a cette surveillance de
tous les jours? La jeune reine imagina de se faire commander, par les
medecins, une saison aux eaux de Spa, et le roi, cette fois, consentit
au depart de sa s
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