lui demanda
la permission de rejoindre enfin le roi son mari, en le priant de lui
constituer une dot, et promptement, tant elle avait hate de se rendre
a son poste naturel. Pendant six grands mois elle renouvela sa priere:
"Attendons!" disait la reine mere; et "Patientons!" disait la roi. Il
se mefiait de tout le monde, et quand sa soeur lui demandait d'ou lui
venaient ces craintes et ces doutes, il repondait gravement que les
simples mortels n'avaient pas le droit de demander aux rois, non plus
qu'aux dieux, les motifs de leurs decisions. Or, toutes ces brouilleries
finissaient toujours par cet ordre absolu: "Ma fille, allez vous parer
pour le souper et pour le bal."
Depuis que le roi de Navarre s'etait echappe du Louvre, les portes du
Louvre etaient _gardees si curieusement_ que pas un n'en passait le
seuil qu'on ne le regardat au visage. Aussi bien, lorsque, apres six
mois de patience et de promesses non tenues, la jeune reine eut resolu
de s'echapper du Louvre, elle se fit apporter en secret un cable qui
plongeait de sa fenetre dans le fosse du chateau, et, par une nuit
sombre, un soir que le roi ne soupait point et que la reine mere soupait
seule en sa petite salle, la reine Marguerite se mit au lit, entouree
de ses dames d'honneur, et tout de suite, apres qu'elles se furent
retirees, elle allait descendre, a tout hasard. Heureusement, un
surveillant du chateau arreta cette belle fuite, et la reine mere,
touchee enfin par tant d'obstination, consentit a doter sa fille et a la
rendre a son mari, a condition qu'elle maintiendrait la paix entre les
deux royaumes.
Ah! comme elle respira librement lorsqu'elle vit accourir le roi de
Navarre au-devant d'elle, accompagne des seigneurs et gentilshommes de
la religion de Gascogne! Ainsi, l'un et l'autre, ils se rendirent a
petites journees dans le chateau de Pau, en Bearn, en pleine religion
reformee, et ce fut a peine si la reine Marguerite obtint la permission
d'entendre la messe avec quatre ou cinq catholiques. Il fallait, dans
ces grands jours, fermer les portes du chateau, tant les catholiques
de la contree etaient desireux d'assister au saint sacrifice, dont ils
etaient prives depuis si longtemps.
Ainsi, fanatisme et cruaute des deux parts; meme on ne saurait croire a
quel point le Bearnais poussait la rigueur: jusqu'a chasser a coups de
hallebarde ses malheureux sujets catholiques pour avoir assiste a la
messe de leur reine. Il y avait cependant un parlement a P
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