au; mais
c'etait un parlement huguenot, qui donna tort a la reine quand elle se
plaignit des procedes du roi son mari. C'etait bien la peine, en effet,
de l'etre venue chercher de si loin! Il supportait peniblement la
presence de sa jeune epouse, et finit par la releguer a Nerac, ou elle
rencontra, belle, intelligente et bienveillante aussi, sa belle-soeur,
la princesse Catherine, amie et confidente du roi son frere. Or
Catherine etait une grande ame, affable et juste, aimant la liberte de
conscience autant qu'elle aimait la belle compagnie.
On ferait un charmant recit de ces deux cours de Nerac, de ces deux
religions vivant l'une a cote de l'autre, en toute courtoisie.
Et chaque dimanche, apres le preche, apres la messe, huguenots et
catholiques se promenaient ensemble, et se donnaient la main, dans un
tres beau jardin, par _de longues allees de lauriers et de cypres, le
long d'une belle riviere_, et le soir, ces dames et ces messieurs,
reunis par la religion du plaisir, dansaient ensemble. On dirait d'un
conte de fees.
V
Mais quoi! ces haines n'etaient qu'endormies. La guerre civile et
religieuse etait recouverte a peine sous des cendres brulantes. Le
marechal de Biron, a la tete des soldats du roi catholique, enlevait au
roi huguenot les meilleures places de son royaume de Navarre.
"Ah! Sire, ecrivait la reine Marguerite au roi de France, retenez le
marechal de Biron, epargnez notre petite cour de Nerac, commandez a vos
capitaines de respecter ma belle-soeur, Madame Catherine..."
Elle prechait dans le desert. Henri de Navarre et le marechal de Biron
se battaient tout le jour et tous les jours. Le canon avait peine a
respecter le chateau dans lequel s'etaient refugiees toutes ces belles
jeunesses; enfin ce n'etait pas le compte du roi de France d'accorder
la pais au roi de Navarre, qui, du reste, ne la demandait guere. Ainsi,
chaque jour diminuait pour Madame Marguerite l'amitie et les bons
souvenirs du roi son frere, pendant que le roi son mari oubliait sa
jeune epouse. Helas! le roi Charles IX l'avait bien dit: "En donnant ma
soeur Margot au prince de Bearn, je la donne au plus infidele de tous
les hommes."
Quelle difference entre ces deux femmes: Catherine de Bourbon et
Marguerite de Valois! Catherine avait foi dans les destinees de son
frere; elle ne voyait rien de plus rare et de plus grand que son
courage; elle a consacre sa vie entiere a la grandeur naissante de
cette maison de Bourbon, que la
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