ou la princesse Catherine, mariee au
duc de Bar, s'est consolee enfin de n'avoir pas dispose de sa main selon
son coeur, elle meurt, obscure et cachee, et son frere ingrat s'occupe a
peine d'elever un tombeau a cette admirable servante de ses ineffables
grandeurs.
La princesse Marguerite, la premiere femme du roi de Navarre, offre un
contraste complet avec la princesse Catherine. Elle a tout l'orgueil de
la maison de Valois; elle est superbe, intelligente, et pour peu que son
epoux le Bearnais eut voulu tirer un bon parti de cette associee a sa
fortune, il eut rencontre pres d'elle une consolation, un bon conseil,
une illustre et digne assistance. Mais quoi! le roi protestant se
mefiait de la catholique maison de Valois! Jeune homme, il en avait subi
trop de violences et trop d'injures pour n'en point faire porter le
ressentiment a sa jeune et charmante epouse. Il ne pouvait guere oublier
que son nom etait inscrit sur la liste rouge de la Saint-Barthelemy; ce
papier rouge disait qu'il fallait tout d'abord arracher les racines
du protestantisme, a savoir: le roi de Navarre, le prince de Conde,
l'amiral de Coligny. Si donc Charles IX et Catherine de Medicis
effacerent de leur liste fatale le nom de leur gendre et beau-frere, ce
fut par une espece de miracle. Ainsi l'on trouverait difficilement dans
toute l'histoire un mariage conclu sous de plus tristes auspices. Mal
commence, il a fini par un divorce.
Mais, ceci dit, on ne peut s'empecher d'arreter un regard clement et
charme sur les graces infinies de cette aimable et parfaite beaute,
la reine de Navarre, et, chaque fois que nous la rencontrons dans les
sentiers de l'histoire, volontiers nous contemplons cette eloquente et
belle princesse, ornement de la brillante cour ou fut elevee la reine
d'Ecosse, Marie Stuart, et qui se ressentait encore des beaux-arts, de
la poesie et des splendeurs du regne de Francois 1er.
En traversant Paris, le vainqueur de Lepante, don Juan d'Autriche,
s'etant introduit au Louvre, en plein bal, et voyant passer la reine de
Navarre au bras de son frere le roi de France:
--On a tort, disait don Juan, de l'appeler une reine, elle est deesse,
et trop heureux serait le soldat qui mourrait sous sa banniere, pour la
servir!
--Qui n'a pas vu la reine de Navarre, celui-la n'a pas vu le Louvre!
s'ecriait le prince de Salerne.
Et les ambassadeurs polonais, quand la jeune reine les eut harangues,
dans ce beau latin qu'elle parlait si bien, a
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