t simple et de bonne humeur, ajoutons qu'il etait de bon conseil.
Le jour meme de son depart, il conseillait a Mme de Saint-Geran
d'epouser M deg. Urbain, le notaire; il conseillait au jeune officier de
retourner en Afrique et de gagner les epaulettes de capitaine. A Mlle
Laure, il conseillait d'attendre encore deux ou trois ans que son heure
eut sonne de donner sa main a Gaston. A Javotte, il conseilla de porter
des jupons moins courts, et de moins rire au premier venu, attendu
que cela deplaisait au fils unique du vigneron Thomas. Il avait deja
conseille a Jolibois de deguerpir et de chercher fortune ailleurs. Il
n'y eut pas jusqu'a don Juan Romain qui ne vint chercher conseil et
consolation aupres du faiseur de comedies, et celui-ci lui conseilla de
vendre au rabais son tilbury et son cheval, de renoncer au pantalon a
la cosaque, aux bottes a la hussarde, au chapeau en coup de vent, au
foulard rouge, au tapage, et aux veuves a marier. S'il ne fit pas de ce
fameux Romain un homme sage, il en fit un homme assez modeste pour
ne pas rever la gloire, la majeste et l'independance. Il eut donc le
bonheur de comprendre, avant son depart, que tous ses conseils seraient
suivis, et quand il revint a Paris, trois mois apres son retour, il fit
representer un proverbe intitule: _Un peu d'aide fait grand bien_, et le
public, fidele a son poete, applaudit de grand coeur Romain, Javotte et
Jolibois.
LA REINE MARGUERITE
I
Quiconque voudra savoir les premiers commencements du roi Henri IV, le
roi Bourbon remplacant les Valois sur le trone des rois de France, aura
grand soin de s'enquerir des destinees de sa soeur Catherine, et de sa
premiere epouse, Marguerite. Elles ont cherement paye l'une et l'autre
l'honneur d'appartenir de si pres _au conquerant du sien_. Heureusement
l'histoire de Catherine, une heroine, un grand courage, une vertu, n'est
plus a faire; il n'y a pas longtemps que Mme la comtesse d'Armaille
racontait cette vie austere et charmante a la facon d'un grand ecrivain
tout rempli de son sujet. Catherine de Navarre, obeissant au roi son
frere, a pousse le devouement fraternel jusqu'a sa limite extreme;
oublieuse d'elle-meme et de sa fortune, elle eut tout sacrifie au roi
Henri, sa conscience et sa croyance exceptees. Et lorsque, enfin, par
tant de victoires, de conquetes et d'accidents imprevus, le roi de
Navarre est devenu le roi de France, quand il est le maitre absolu dans
Paris, sa grand'ville, au moment
|