ntenon, toujours au grand couvert, avec la
maison royale, c'est-a-dire uniquement avec les fils et filles de France
et grand nombre de dames, tant assises que debout. C'etait le moment ou
les courtisans disaient au roi: _Sire, Marly_? Il ne deplaisait pas au
roi d'etre importune.
Apres souper, le roi se tenait quelques moments debout au balustre du
pied de son lit, environne de toute la cour. Puis, avec des reverences
aux dames, il passait dans son cabinet, ou se trouvaient les princes
et les princesses de sa famille. A onze heures, Sa Majeste donnait le
bonsoir a tout le monde d'une inclination de tete.
Chacun sortait; seules, les grandes entrees attendaient, pour sortir,
que le roi se mit au lit. Le colonel des gardes prenait l'ordre, et,
la priere etant faite, les aumoniers se retiraient. "Le roi, disait
Saint-Simon, n'a manque la messe qu'une fois dans sa vie, a l'armee, un
jour de grande marche. Il a toujours fait maigre, a moins qu'il ne fut
tres malade. Il exigeait l'abstinence du careme; il se tenait tres
respectueusement a l'eglise, et trouvait fort mauvais s'il entendait
parler a l'office divin."
Il communiait en grand habit, en rabat, en manteau, et la collier de
l'ordre a son cou. Il disait son chapelet a la messe, et toujours a
genoux. Les jours ordinaires, il portait un habit de couleur brune, orne
d'une legere broderie, et des pierreries a ses souliers seulement. Rien
n'etait pareil au soin, aux egards, a la politesse du roi pour ses hotes
de Marly ou de Fontainebleau.
Mais, dans les dernieres annees, chacun portait impatiemment la fin
d'un si long regne. Le palais de Versailles etait las de ces longues
ceremonies, toujours les memes. Paris finissait par ne plus supporter ce
joug, que chaque jour rendait plus lourd. Les provinces etaient a
bout de leurs sacrifices. L'oubli etait general des merveilles dont
s'honoraient les quarante premieres annees de ce grand regne. Il etait
temps enfin que le roi disparut et fit place au nouveau regne. Ainsi,
dans les ardeurs de l'ete brulant, le laboureur invoque les rayons du
soleil couchant. Juste a l'heure qu'elle avait designee aux horloges de
Versailles, la mort frappait a la porte meme de la chambre royale,
apres avoir visite toutes les autres. A son tour, le roi est touche.
Il comprend que son heure est venue. Il souffre; il est en proie a la
fievre ardente, et pourtant il travaille encore. Rien n'est change: les
tambours et les hautbois donnent sous les
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