lui-la; ils etaient du meme age,
ils ecrivaient a la meme epoque, mais ils appartenaient a des nations
differentes; cet autre amuseur des jeunes esprits et des honnetes gens,
il s'appelait sir Walter Scott. En moins de cinq ou six annees d'etudes
et de succes de tout genre, il advint que notre poete comique etait
incontestablement le plus rare et le plus charmant esprit de son epoque.
Il avait accompli a lui seul toute une revolution dans le grand art de
corriger doucement les moeurs d'un grand peuple, et de chatier en
riant ses passions et ses vices. A lui seul il avait tout devine, tout
decouvert et tout mis en ordre en ce monde si nouveau qui avait ete
l'Empire et n'etait deja plus la Restauration. Le faubourg Saint-Honore,
la Chaussee d'Antin, les maisons modernes, les soldats licencies a
Waterloo, l'active et galante jeunesse, a demi revoltee et fidele a
demi, qui devait remplir de son talent, de son eloquence et de ses
vertus viriles tout un regne ou la parole etait souveraine, ou le talent
etait roi, voila bien ce que notre auteur avait pressenti dans sa
comedie. Il avait accepte glorieusement toutes nos gloires. Il s'etait
fait l'interprete eloquent de nos justes rancunes; plus d'une fois il
nous avait consoles de nos defaites si recentes et si cruelles, que le
nom seul de ces batailles perdues est encore une douleur nationale.
Son intelligence active et devouee aux plus legere chagrins de cette
nation si troublee allait sans cesse et sans fin de l'elegie a la
chanson, de la cabane a la maison bourgeoise, du fabricant au soldat
laboureur, du vieux marquis ramene par l'exil a l'homme enrichi par la
prosperite publique. Il tenait a toutes les conditions; il mettait en
scene les hommes les plus divers; en un mot, deja rien ne manquait a
sa gloire, a sa fortune au moment ou va commencer cette histoire, dans
laquelle cet aimable homme, ingenu a ses heures, et cependant d'un
esprit si fin, a joue un si beau role, et qui convenait si bien a sa
bonne grace, a sa justice, a son bel esprit. A l'exemple de Moliere, son
maitre, il avait deux noms; le public le connaissait sous son nom de
guerre, et l'appelait M. Fauvel.
Dans cette foule d'honnetes gens qui l'entouraient naturellement
d'une admiration devouee (et voila la premiere recompense, et la plus
desirable de l'ecrivain), il y avait sur les bords de la Saone, dans un
petit village abrite de deux collines celebres dans les vendanges du
Maconnais, une dame de Saint-G
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