edi, apres la messe,
appartenait au confesseur. Le roi dinait a midi, seul, dans sa chambre,
sur une table carree, a la fenetre du milieu. Il mangeait de beaucoup
de plats et de trois services, sans compter le dessert. Aussitot que la
table etait apportee entraient les principaux courtisans; le premier
gentilhomme avertissait le roi et le servait, se tenant derriere le
fauteuil. Si M. le Dauphin etait present, il donnait la serviette au
roi et restait debout. Bientot le roi lui donnait le permission de
s'asseoir; le prince faisait la reverence et s'asseyait jusqu'a la fin
du diner.
Le roi parlait peu a son diner. Au sortir de table, il rentrait dans son
cabinet, mais il s'arretait un instant sur le seuil, et c'etait encore
un moment favorable pour lui parler. L'instant d'apres, il s'amusait a
donner a manger a ses chiens couchants, puis on l'habillait, en presence
de peu de gens, les plus consideres, que laissait entrer le premier
gentilhomme de la chambre.
A peine habille, il sortait par un escalier derobe dans la cour de
marbre pour monter en carrosse, et, dans le trajet, aller et retour, lui
parlait qui voulait. Il aimait le grand air; il ne redoutait ni le froid
ni la chaleur. Il sortait meme par la pluie, et sa grande joie etait de
chasser dans les forets de Versailles, de Marly ou de Fontainebleau. Il
etait tres adroit et de bonne grace, et pas un chasseur qui tirat mieux
que lui. C'etait encore un de ses plaisirs de voir travailler ses
ouvriers, de se promener dans ses jardins, de donner la collation
aux dames, et de faire avec elles le tour du canal, les dames et les
courtisans dans leurs plus riches habits. _Le chapeau, Messieurs_,
disait le roi, quand il permettait aux courtisans de se couvrir.
La chasse au cerf etait de plus grande ceremonie, et ceux qui la
suivaient etaient vetus d'un justaucorps orne de galons d'or et
d'argent. Cela s'appelait un _justaucorps a brevet_. Qu'on le suivit a
la chasse, a la promenade, le roi etait content. Que l'on jouat gros jeu
dans le salon de Marly, le roi applaudissait. Lui-meme, il etait bon
spectateur des joueurs de paume. A quatre heures, il y avait un conseil
de ministres, et, le reste du temps, le roi le passait avec les dames,
a la promenade en ete, et, le soir venu, quelque loterie ou les dames
gagnaient, a coup sur, de riches etoffes, de l'argenterie, des bijoux.
A dix heures, le roi ayant change d'habit, le souper etait servi dans
l'antichambre de Mme de Mai
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