sses que lui communiquait la barge a chaque impulsion
des avirons lui montrant qu'il etait couche dans le sens de la marche,
et le soleil, au moment de l'agression, n'etant guere eloigne du
meridien, il en conclut sans peine qu'une moitie de son corps etait
a l'ombre produite par la paroi de l'embarcation et que celle-ci se
dirigeait de l'Ouest a l'Est, en continuant par consequent a suivre le
courant, comme au temps ou elle obeissait a son maitre legitime.
Aucune parole n'etait echangee entre ceux qui le tenaient en leur
pouvoir. Nul bruit humain ne frappait son oreille, hors les _han!_
des nautoniers lorsqu'ils pesaient sur les rames. Cette navigation
silencieuse durait depuis une heure et demie environ, quand la chaleur
du soleil gagna son visage et lui apprit ainsi que l'on obliquait vers
le Sud. Le pilote n'en fut pas etonne. Sa parfaite connaissance des
moindres detours du fleuve lui fit comprendre que l'on commencait a
suivre la courbe qu'il decrit en face du mont Pilis. Bientot, sans
doute, on reprendrait la direction de l'Est, puis celle du Nord,
jusqu'au point extreme d'ou le Danube commence a descendre franchement
vers la peninsule des Balkans.
Ces previsions ne se realiserent qu'en partie. Au moment ou Serge Ladko
calculait que l'on avait atteint le milieu de l'anse de Pilis, le bruit
des avirons cessa tout a coup. Tandis que la barge courait sur son erre,
une voix rude se fit entendre.
"Prends la gaffe," commanda l'un des invisibles assaillants.
Presque aussitot, il y eut un choc, que suivit un grincement tel qu'en
aurait pu produire le bordage eraflant un corps dur, puis Serge Ladko
fut souleve et hisse de mains en mains.
Evidemment la barge avait accoste un autre bateau de dimensions plus
considerables, a bord duquel le prisonnier etait embarque a la facon
d'un colis. Celui-ci tendait vainement l'oreille afin de saisir au
passage quelques paroles. Pas un mot n'etait prononce. Les geoliers
ne se revelaient que par le contact de leurs mains brutales et par le
souffle de leurs poitrines haletantes.
Ballotte, tiraille en tous sens, Serge Ladko, d'ailleurs, n'eut pas le
loisir de la reflexion. Apres l'avoir monte, on le descendit le long
d'une echelle qui lui laboura cruellement les reins. Aux heurts dont
il etait meurtri, il comprit qu'on le faisait passer par une ouverture
etroite, et enfin, bandeau et baillon arraches, il fut jete bas comme un
paquet, tandis que le bruit sourd d'une trappe qui s
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