se retrouva seul, Serge Ladko voulut mouvoir ses membres
liberes. Il lui fut d'abord impossible d'y parvenir. Immobilises pendant
toute une longue semaine, ses mains et ses bras etaient comme frappes de
paralysie. Peu a peu, cependant, le mouvement leur revint et augmenta
graduellement d'amplitude. Apres une heure d'efforts, il put executer
des gestes encore maladroits et delivrer ses jambes a leur tour.
Il etait libre. Du moins il avait fait le premier pas vers la liberte.
Le second, ce serait de franchir cette fenetre qu'il etait en son
pouvoir d'atteindre maintenant, et par laquelle il apercevait l'eau du
Danube, sinon la rive invisible dans l'obscurite. Les circonstances
etaient favorables. Il faisait dehors un noir d'encre. Bien malin qui le
rattraperait par cette nuit sans lune, ou l'on ne voyait rien a dix pas.
D'ailleurs, on ne reviendrait plus dans sa cellule que le lendemain.
Quand on s'apercevrait de son evasion, il serait loin.
Une grave difficulte, plus qu'une difficulte, une impossibilite
materielle l'arreta a la premiere tentative. Assez large pour un
adolescent souple et svelte, la fenetre etait trop etroite pour
livrer passage a un homme dans la force de l'age et doue d'une aussi
respectable carrure que Serge Ladko. Celui-ci, apres s'etre epuise en
vain, dut reconnaitre que l'obstacle etait infranchissable et se laissa
retomber tout haletant dans sa prison.
Etait-il donc condamne a n'en plus sortir? Un long moment, il contempla
le carre de nuit dessine par l'implacable fenetre, puis, decide a
de nouveaux efforts, il se depouilla de ses vetements et, d'un elan
furieux, se lanca dans l'ouverture beante, resolu a la franchir coute
que coute.
Son sang coula, ses os craquerent, mais une epaule d'abord, un bras
ensuite passerent, et le montant de la fenetre vint buter contre sa
hanche gauche. Malheureusement l'epaule droite avait bute, elle aussi,
de telle sorte que tout effort supplementaire serait evidemment inutile.
Une partie du corps a l'air libre et surplombant le courant, l'autre
partie demeuree prisonniere, ses cotes ecrasees par la pression, Serge
Ladko ne tarda pas a trouver la position intenable. Puisque s'enfuir
ainsi etait impraticable, il fallait aviser a d'autres moyens.
Peut-etre, pourrait-il arracher l'un des montants de la fenetre et
agrandir ainsi l'infranchissable ouverture.
Mais, pour cela, il etait necessaire de reintegrer la prison, et Ladko
fut oblige de reconnaitre l'impo
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