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n servir pour user ses liens, sinon pour les couper. Difficile a coup sur, l'entreprise meritait tout au moins d'etre tentee. Ayant reussi avec beaucoup de peine a ramper jusqu'a ce morceau de fer, Serge Ladko commenca aussitot a limer contre lui la corde qui retenait ses mains. L'immobilite presque totale que ses entraves lui imposaient rendait ce travail extremement penible, et le va-et-vient des bras, ne pouvant etre obtenu que par une serie de contractions de tout le corps, restait forcement contenu dans d'etroites limites. Outre que la besogne avancait lentement ainsi, elle etait en meme temps veritablement extenuante, et, toutes les cinq minutes, le pilote etait contraint de prendre du repos. Deux fois par jour, aux heures des repas, il lui fallait s'interrompre. C'etait toujours le meme geolier qui venait lui apporter sa nourriture et, bien que celui-ci dissimulat son visage sous un masque de toile, Serge Ladko le reconnaissait sans hesitation a ses cheveux gris et a la remarquable largeur de ses epaules. D'ailleurs, bien qu'il n'en put discerner les traits, l'aspect de cet homme lui donnait l'impression de quelque chose de deja vu. Sans qu'il lui fut possible de rien preciser, cette carrure puissante, cette demarche lourde, ces cheveux grisonnants que l'on distinguait au-dessus du masque de toile, ne lui semblaient pas inconnus. Les rations lui etaient servies a heure fixe, et jamais, hors de ces instants, on ne penetrait dans sa prison. Rien n'en aurait meme trouble le silence, si, de temps a autre, il n'avait entendu une porte s'ouvrir en face de la sienne. Presque toujours, le bruit de deux voix, celle d'un homme et celle d'une femme, parvenait ensuite jusqu'a lui. Serge Ladko tendait alors l'oreille, et, interrompant son patient travail, il cherchait a mieux discerner ces voix qui remuaient en lui des sensations vagues et profondes. En dehors de ces incidents, le prisonnier mangeait d'abord, des le depart de son geolier, puis il se remettait obstinement a l'oeuvre. Cinq jours s'etaient ecoules depuis qu'il l'avait commencee, et il en etait encore a se demander s'il faisait ou non quelques progres, quand, a la tombee de la nuit, le soir du 6 septembre, le lien qui encerclait ses poignets se brisa tout a coup. Le pilote dut refouler le cri de joie qui allait lui echapper. On ouvrait sa porte. Le meme homme que chaque jour entrait dans sa cellule et deposait pres de lui le repas habituel. Des qu'il
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