piterent vers
elle. Que lui etait-il arrive? Rien de grave, affirma-t-elle, d'une
voix tremblante, en s'efforcant de sourire. Elle venait de se tordre
sottement le pied, voila tout.
Tandis que Serge Ladko allait, sans etre apercu, se placer devant le
barreau accusateur, mari, directeur et gardien s'empresserent. Les deux
premiers sortirent soutenant la pretendue blessee; le troisieme repoussa
precipitamment les verrous. Serge Ladko etait seul.
Quel elan de gratitude gonfla sa poitrine pour la douce creature, qui
avait eu pitie! Grace a elle, il etait sauve. Il lui devait la vie; plus
que la vie, la liberte.
Il etait retombe, accable, sur sa couchette. L'emotion avait ete trop
rude. Son cerveau vacillait sous ce dernier coup du sort.
Le reste du jour s'ecoula sans autre incident, et neuf heures sonnerent
enfin aux horloges lointaines de la ville. La nuit etait tout a
fait venue. De gros nuages, roulant dans le ciel, en augmentaient
l'obscurite.
Dans le couloir, un bruit grandissant annoncait l'approche d'une ronde.
Arrivee devant la porte, elle fit halte. Un gardien appliqua son oeil au
guichet et se retira satisfait. Le prisonnier dormait, enfonce jusqu'au
menton sous sa couverture. La ronde se remit en marche. Le bruit de ses
pas decrut, s'eteignit.
Le moment d'agir etait arrive.
Aussitot, Serge Ladko sauta a bas de sa couchette, dont il disposa
le matelas de maniere a simuler suffisamment, dans la penombre de la
cellule, la presence d'un homme endormi. Cela fait, il se munit de sa
corde, puis, s'etant glisse de nouveau de l'autre cote de la grille;
il s'enleva comme la premiere fois et se mit a cheval sur l'arete
superieure de la hotte.
Les bandeaux qui decoraient le batiment etant situes a la hauteur de
chaque plancher, Serge Ladko dominait ainsi de pres de quatre metres
celui de ces ornements sur lequel il s'agissait de prendre pied. Il
avait prevu cette difficulte. Embrassant l'un des barreaux de la grille
avec la corde dont il garda en main les deux extremites, il se laissa
glisser sans trop de peine jusqu'a la saillie exterieure.
Le dos applique a la muraille, cramponne de la main gauche a la corde
qui le supportait, le fugitif se reposa un instant. Comment garder
l'equilibre sur cette surface etroite? A peine aurait-il lache son
soutien, qu'il irait s'abimer sur le sol du chemin de ronde.
Prudemment, s'astreignant a des mouvements d'une extreme lenteur, il
reussit a saisir la corde de la m
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