gee de gros barreaux scelles dans l'epaisseur du cadre en interdisant
l'approche. D'ailleurs, cette difficulte vaincue, il en serait reste
une autre. Au dehors, une sorte de hotte, dont les cotes venaient
s'appliquer de part et d'autre de la fenetre, arretait tout regard vers
l'exterieur et ne laissait de visible qu'un etroit rectangle de ciel.
Non pas meme pour fuir, mais pour etre seulement en etat d'en chercher
le moyen, il fallait donc tout d'abord forcer l'obstacle de la grille,
puis se hisser a force de bras au sommet de cette hotte, de maniere a
pouvoir reconnaitre les alentours.
A en juger par les escaliers descendus lors des convocations de M. Izar
Rona, Serge Ladko s'estimait enferme au quatrieme etage de la prison.
Douze a quatorze metres a tout le moins devaient donc le separer du sol.
Serait-il possible de les franchir? Impatient d'etre renseigne a cet
egard, il resolut de se mettre a l'oeuvre sur-le-champ.
Au prealable, cependant, il convenait de se procurer un instrument de
travail. On lui avait tout pris, quand on l'avait ecroue, et, dans son
cachot, rien ne pouvait etre d'aucun secours. Une table, une chaise et
une couchette, representee par une maigre paillasse recouvrant une voute
en maconnerie, c'etait la tout son mobilier.
Serge Ladko cherchait en vain depuis longtemps, quand, en visitant pour
la centieme fois ses vetements, sa main rencontra enfin un corps dur.
Pas plus que ses geoliers eux-memes, il n'avait pense jusqu'ici a cette
chose insignifiante qu'est une boucle de pantalon. Quelle importance
n'acquerait pas maintenant cette chose insignifiante, seul objet
metallique qui fut en sa possession!
Ayant detache cette boucle, Serge Ladko, sans perdre une minute, attaqua
la muraille au pied de l'un des barreaux, et la pierre, obstinement
griffee par les ardillons d'acier, commenca a tomber en poussiere sur
le sol. Ce travail, deja lent et penible par lui-meme, etait encore
complique par la surveillance incessante a laquelle etait soumis le
prisonnier. Une heure ne s'ecoulait pas, sans qu'un gardien vint mettre
l'oeil au guichet de la porte. De la, necessite d'avoir toujours
l'oreille tendue vers les bruits exterieurs, et, au moindre signe de
danger, d'interrompre le travail en faisant disparaitre toute trace
suspecte.
Dans ce but, Serge Ladko utilisait son pain. Ce pain, malaxe avec
la poussiere qui tombait de la muraille, prit d'une maniere assez
satisfaisante la couleur de la pierre et
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