2 deg. Avoir
remporte le prix au concours de peche de Sigmaringen; 3 deg. Habiter Szalka;
4 deg. Avoir passe chez vous, a Szalka, la nuit du 28 au 29 aout. Ces points
seront verifies. De mon cote je pretends: 1 deg. Que votre nom est Ladko;
2 deg. Que votre domicile est Roustchouk; 3 deg. Que, dans la nuit du 28 au 29
aout, avec l'aide de nombreux complices, vous avez mis au pillage la
villa du comte Hagueneau et vous etes rendu coupable d'une tentative de
meurtre sur la personne du gardien Christian Hoel; 4 deg. Qu'un vol dont
le nomme Kellermann, de Szuszek, a ete victime, dans la nuit du 5 au 6
septembre, doit etre mis a votre passif; 5 deg. Que de nombreux autres vols
et meurtres commis dans les regions baignees par le Danube doivent
pareillement vous etre imputes. L'instruction de ces crimes est ouverte.
Des temoins sont cites. Vous serez mis en leur presence... Voulez-vous
signer votre interrogatoire?.. Non?.. A votre aise!.. Gardes,
reconduisez le prevenu!"
Pour regagner sa prison, Serge Ladko dut passer de nouveau au milieu
de la foule et en subir encore les vociferations hostiles. La colere
populaire semblait s'etre accrue pendant la duree de l'interrogatoire et
la police eut quelque peine a proteger le prisonnier.
Au premier rang de cette foule hurlante, figurait Ivan Striga.
Celui-ci devora des yeux l'individu qui prenait sa place avec tant de
complaisance. Le pilote passa a deux metres de lui et il put le voir
tout a son aise. Mais il ne reconnut pas cet homme imberbe, aux cheveux
bruns, dont le visage etait orne d'une superbe paire de lunettes noires,
et ses perplexites n'en furent pas attenuees.
Striga s'eloigna tout songeur avec le reste de la foule quand furent
refermees les portes de la prison. Decidement, il ne connaissait pas
l'homme arrete. Ce n'etait, en tous cas, ni Dragoch, ni Ladko. Des lors,
qu'il s'agit d'Ilia Brusch ou de tout autre, que lui importait? Quelle
que fut la personnalite de l'accuse, l'essentiel etait qu'il absorbat
l'attention de la justice, et Striga n'avait plus de raison de
s'attarder a Semlin. C'est pourquoi il se resolut a partir des le
lendemain peur regagner son chaland.
Mais, a son reveil, la lecture des journaux le fit changer d'avis. Cette
affaire Ladko etant menee dans le secret le plus rigoureux, c'etait une
raison peremptoire pour que la Presse s'ingeniat a percer, le mystere.
Elle y avait reussi. Ample etait sa moisson d'informations.
Les journaux relataien
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