e soir a trop faible distance
d'un centre habite, ou bien on rencontrait dans son voisinage trop
immediat quelques-uns des agents egrenes sur la rive et dont la qualite
ne pouvait echapper a un professionnel du crime.
Le matin du 29 aout, enfin, les circonstances avaient paru favorables.
La tempete qui, la nuit precedente, avait protege la bande pendant
qu'elle s'attaquait a la villa du comte Hagueneau, devait avoir plus ou
moins disperse les policiers qui precedaient ou suivaient leur chef le
long du fleuve. Peut-etre celui-ci serait-il momentanement seul et sans
defense. Il fallait en profiter.
Aussitot la voiture chargee des depouilles de la villa, Titcha avait ete
depeche avec deux des hommes les plus resolus. On a vu comment les trois
aventuriers s'etaient acquittes de leur mission, et comment le pilote
Serge Ladko etait devenu leur prisonnier, au lieu et place du detective
Karl Dragoch.
Jusqu'ici, Titcha n'avait pu renseigner son capitaine sur l'heureuse
issue de sa mission que par les quelques mots brefs echanges dans la
clairiere, au moment ou l'escouade de police etait survenue sur la
route. L'entretien serait necessairement repris a ce sujet, mais, pour
l'instant, il ne pouvait en etre question. Avant tout, il s'agissait de
faire disparaitre et de mettre a l'abri les nombreux colis entasses
sur le pont, et c'est a quoi s'employerent sans tarder les huit hommes
formant l'equipage de la gabarre.
Soit a bras, soit en les faisant glisser sur des plans inclines, ces
colis furent d'abord introduits dans l'interieur du bateau, premier
travail qui n'exigea que quelques minutes, puis on proceda a l'arrimage
definitif. Pour cela le plancher de la cale fut souleve et laissa a
decouvert une ouverture beante, a la place ou l'on se fut legitimement
attendu a trouver l'eau du Danube. Une lanterne, descendue dans ce
deuxieme compartiment, permit d'y distinguer un amoncellement d'objets
heteroclites qui le remplissaient deja en partie. Il restait assez de
place, cependant, pour que les depouilles du comte Hagueneau pussent
etre logees a leur tour dans l'introuvable cachette.
Merveilleusement truquee, en effet, etait cette gabarre qui servait a
la fois de moyen de transport, d'habitation et de magasin inviolable.
Au-dessous du bateau visible, un autre plus petit s'appliquait, le
pont de celui-ci formant le fond de celui-la. Ce second bateau, d'une
profondeur de deux metres environ, avait un deplacement tel, qu'il
fut
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