ruire cette republique), il pourrait obtenir que l'empereur
reculat sa limite de l'Oglio a l'Adige, que le Mantouan, le Bergamasque
et le Brescian fussent donnes a la Cisalpine, qui aurait ainsi la
frontiere de l'Adige et Mantoue; que de plus l'empereur reconnut a
la France la limite du Rhin, et lui livrat meme Mayence; qu'enfin il
consentit a lui laisser les iles Ioniennes. Bonaparte resolut de traiter
a ces conditions. Il y voyait beaucoup d'avantages reels, et tous ceux
que la France pouvait obtenir dans le moment. L'empereur, en prenant
Venise, se compromettait dans l'opinion de l'Europe, car c'etait pour
lui que Venise avait trahi la France. En abandonnant l'Adige et Mantoue,
l'empereur donnait a la nouvelle republique italienne une grande
consistance; en nous laissant les iles Ioniennes, il nous preparait
l'empire de la Mediterranee; en nous reconnaissant la limite du Rhin,
il laissait l'Empire sans force pour nous la refuser; en nous livrant
Mayence, il nous mettait veritablement en possession de cette limite, et
se compromettait encore avec l'Empire de la maniere la plus grave, en
nous livrant une place appartenant a l'un des princes germaniques.
Il est vrai qu'en faisant une nouvelle campagne, on etait assure de
detruire la monarchie autrichienne, ou de l'obliger du moins a renoncer
a l'Italie. Mais Bonaparte avait plus d'une raison personnelle d'eviter
une nouvelle campagne. On etait en octobre, et il etait tard pour percer
en Autriche. L'armee d'Allemagne, commandee aujourd'hui par Augereau,
devait avoir tout l'avantage, car elle n'avait personne devant elle.
L'armee d'Italie avait sur les bras toutes les forces autrichiennes;
elle ne pouvait pas avoir le role brillant, etant reduite a la
defensive; elle ne pouvait pas etre la premiere a Vienne. Enfin
Bonaparte etait fatigue, il voulait jouir un peu de son immense gloire.
Une bataille de plus n'ajoutait rien aux merveilles de ces deux
campagnes, et en signant la paix il se couronnait d'une double gloire.
A celle de guerrier il ajouterait celle de negociateur, et il serait le
seul general de la republique qui aurait reuni les deux, car il n'en
etait encore aucun qui eut signe des traites. Il satisferait a l'un des
voeux les plus ardens de la France, et rentrerait dans son sein
avec tous les genres d'illustration. Il est vrai qu'il y avait une
desobeissance formelle a signer un traite sur ces bases, car le
directoire exigeait l'entier affranchissement de l'Italie
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