e, et que, sous
l'influence d'un ambassadeur comme Delacroix, il ne depassat la ligne
que le directoire francais aurait voulu lui tracer. Cette espece de
18 fructidor en Hollande ne manqua pas de faire dire a la diplomatie
europeenne, surtout a la diplomatie prussienne, que la France gouvernait
la Hollande, et s'etendait de fait jusqu'au Texel.
La republique ligurienne etait dans une assez bonne voie, quoique
secretement travaillee, comme tous les nouveaux etats, par deux partis
egalement exageres. Quant a la Cisalpine, elle etait en proie aux
passions les plus vehementes. L'esprit de localite divisait les
Cisalpins, qui appartenaient a d'anciens etats successivement demembres
par Bonaparte. Outre l'esprit de localite, les agens de l'Autriche, les
nobles, les pretres et les democrates emportes agitaient violemment la
nouvelle republique. Mais les democrates etaient les plus dangereux,
parce qu'ils avaient un puissant appui dans l'armee d'Italie, composee,
comme on le sait, des plus chauds patriotes de France. Le directoire
avait autant de peine a diriger l'esprit de ses armees en pays etranger,
que celui de ses ministres, et avait, sous ce rapport, autant de
difficultes a vaincre que sous tous les autres. Il n'avait pas encore de
ministre aupres de la nouvelle republique. C'etait Berthier qui, en
sa qualite de general en chef, representait encore le gouvernement
francais. Il s'agissait de regler, par un traite d'alliance, les
rapports de la nouvelle republique avec la republique mere. Ce traite
fut redige a Paris, et envoye a la ratification des conseils. Les deux
republiques contractaient alliance offensive et defensive pour tous les
cas; et en attendant que la Cisalpine eut un etat militaire, la France
lui accordait un secours de vingt-cinq mille hommes aux conditions
suivantes. La Cisalpine devait donner le local pour le casernement,
les magasins, les hopitaux, et 10 millions par an pour l'entretien des
vingt-cinq mille hommes. Dans le cas de guerre, elle devait fournir un
subside extraordinaire. La France abandonnait a la Cisalpine une grande
partie de l'artillerie prise a l'ennemi, afin d'armer ses places. Ces
conditions n'avaient rien d'excessif; cependant beaucoup de deputes
cisalpins dans le conseil des anciens, mal disposes pour le regime
republicain et pour la France, pretendirent que ce traite etait trop
onereux, que l'on abusait de la dependance dans laquelle le nouvel etat
etait place, et ils rejeterent le
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