niversaire, et arbora a sa porte le drapeau
tricolore, avec les mots _egalite, liberte_. La populace de Vienne,
excitee, dit-on, par des emissaires de l'ambassadeur anglais, se
precipita sur l'hotel de l'ambassadeur de France, en brisa les vitres,
et y commit quelques desordres. Le ministere autrichien se hata
d'envoyer des secours a Bernadotte, et se conduisit a son egard
autrement que le gouvernement romain a l'egard de Joseph Bonaparte.
Bernadotte, dont l'imprudence avait provoque cet evenement, se retira de
Vienne, et se rendit a Rastadt.
Le cabinet de Vienne fut extremement fache de cet evenement. Il etait
clair que ce cabinet, meme en le supposant dispose a reprendre les
armes, n'aurait pas commence par insulter notre ambassadeur, et par
provoquer des hostilites auxquelles il n'etait pas prepare. Il est
constant, au contraire, que, tres mecontent de la France et de ses
derniers envahissemens, pressentant qu'il faudrait rentrer un jour en
lutte avec elle, il n'y etait cependant pas encore dispose, et qu'il
jugeait ses peuples trop fatigues, et ses moyens trop faibles, pour
attaquer de nouveau le colosse republicain. Il s'empressa de publier une
desapprobation de l'evenement, et d'ecrire a Bernadotte pour l'apaiser.
Le directoire crut voir dans l'evenement de Vienne une rupture. Il donna
sur-le-champ contre-ordre a Bonaparte, et il voulait meme qu'il partit
pour Rastadt, afin d'imposer a l'empereur, et de le forcer, ou a donner
des satisfactions, ou a recevoir la guerre. Bonaparte, fort mecontent
du retard apporte a ses projets, ne voulut point aller a Rastadt, et
jugeant mieux la situation que le directoire, affirma que l'evenement
n'avait pas la gravite qu'on lui supposait. En effet, l'Autriche ecrivit
aussitot qu'elle allait envoyer enfin un ministre a Paris, M. de
Degelmann; elle parut congedier le ministre dirigeant Thugut; elle
annonca que M. de Cobentzel se rendrait dans un lieu fixe par le
directoire, pour s'expliquer avec un envoye de la France sur l'evenement
de Vienne et sur les changemens survenus en Europe depuis le traite de
Campo-Formio. L'orage paraissait donc dissipe. De plus, les negociations
de Rastadt avaient fait un progres important. Apres avoir dispute la
rive gauche du Rhin pied a pied, apres avoir voulu se reserver le
terrain compris entre la Moselle et le Rhin, puis un petit territoire
entre la Roer et le Rhin, la deputation de l'Empire avait enfin concede
toute la rive gauche. La ligne
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