efforts
extraordinaires, et on renforca de dix grands vaisseaux l'escadre du
lord Saint-Vincent, pour le mettre en mesure de bien fermer le detroit,
vers lequel on supposait qu'allait se diriger Bonaparte. Nelson fut
detache avec trois vaisseaux par lord Saint-Vincent, pour courir la
Mediterranee, et observer la marche des Francais.
Tout etait dispose pour l'embarquement. Bonaparte allait partir
pour Toulon, lorsqu'une scene arrivee a Vienne, et les dispositions
manifestees par divers cabinets, faillirent le retenir en Europe. La
fondation de deux nouvelles republiques avait excite au plus haut point
la crainte de la contagion revolutionnaire. L'Angleterre, voulant
fomenter cette crainte, avait rempli toutes les cours de ses emissaires.
Elle pressait le nouveau roi de Prusse de sortir de sa neutralite, pour
preserver l'Allemagne du torrent; elle faisait travailler l'esprit faux
et violent de l'empereur Paul; elle cherchait a alarmer l'Autriche sur
l'occupation de la chaine des Alpes par les Francais, et lui offrait des
subsides pour recommencer la guerre; elle excitait les passions folles
de la reine de Naples et d'Acton. Cette derniere cour etait plus irritee
que jamais. Elle voulait que la France evacuat Rome, ou lui cedat
une partie des provinces romaines. Le nouvel ambassadeur Garat avait
vainement deploye une extreme moderation; il ne tenait plus aux mauvais
traitemens du cabinet napolitain. L'etat du continent inspirait donc
de tres justes craintes, et un incident vint encore les aggraver.
Bernadotte avait ete envoye a Vienne, pour donner des explications au
cabinet autrichien; et il devait y resider, quoique aucun ambassadeur
n'eut encore ete envoye a Paris. Ce general, d'un esprit inquiet et
susceptible, etait peu propre au role qu'il etait destine a remplir.
Le 14 avril (25 germinal) on voulait celebrer a Vienne l'armement des
volontaires imperiaux. On se souvient du zele que ces volontaires
avaient montre l'annee precedente, et du sort qu'ils avaient eu a Rivoli
et a la Favorite. Bernadotte eut le tort de vouloir s'opposer a cette
fete, disant que c'etait une insulte pour la France. L'empereur repondit
avec raison qu'il etait maitre dans ses etats, que la France etait libre
de celebrer ses victoires, mais qu'il etait libre aussi de celebrer le
devouement de ses sujets. Bernadotte voulut repondre a une fete par une
autre; il fit celebrer dans son hotel l'une des victoires de l'armee
d'Italie, dont c'etait l'an
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