t il en serait resulte que
les minorites, en se detachant, auraient eu la faculte de prevaloir, et
d'emporter les nominations. Les violences, les illegalites pouvaient
etre une raison d'annuler le choix fait par les majorites, mais non
d'adopter le choix des minorites. Les patriotes des conseils insistaient
fortement pour cet avis, parce que, leur parti ayant ete en plus grand
nombre dans presque toutes les assemblees, ils auraient eu alors gain de
cause. Mais la masse des deux conseils ne voulait pas leur faire
gagner leur cause, et on proposa deux moyens: ou de choisir entre les
nominations faites par les assemblees scissionnaires, ou de faire un
nouveau 18 fructidor. Ce dernier moyen etait inadmissible; le premier
etait bien plus doux, et bien plus naturel. Il fut adopte. Presque
partout les elections des patriotes furent annulees, et celles de leurs
adversaires confirmees. Les choix faits a Paris dans l'assemblee de
l'Institut, quoiqu'elle ne renfermat que deux cent vingt-huit electeurs,
et que celle de l'Oratoire en renfermat six cents, furent approuves.
Neanmoins, le nouveau tiers, malgre ce systeme, apportait un veritable
renfort dans les conseils au parti patriote. Ce parti fut tres irrite du
moyen adopte pour exclure les hommes de son choix, et en devint un peu
plus vif contre le directoire.
Il fallait choisir un nouveau directeur. Le sort designa Francois (de
Neufchateau) comme membre sortant. Il fut remplace par Treilhard, qui
etait un de nos plenipotentiaires a Rastadt. Treilhard avait absolument
les opinions de Larevelliere, Rewbell et Merlin. Il n'apportait aucun
changement a l'esprit du directoire. C'etait un honnete homme, assez
habitue aux affaires. Il y avait donc dans le gouvernement quatre
republicains sinceres, votant d'une maniere absolument conforme, et
reunissant les lumieres a la probite. Treilhard fut remplace a Rastadt
par Jean Debry, ancien membre de la legislative et de la convention
nationale.
Depuis que les partis, par l'institution de la constitution de l'an III,
etaient obliges de lutter dans l'espace etroit d'une constitution,
les scenes de l'interieur avaient moins d'eclat. Surtout depuis le 18
fructidor, la tribune avait beaucoup perdu de son importance. On avait
les yeux fixes sur le dehors. La grande influence de la republique en
Europe, ses relations singulieres et multipliees avec les puissances,
son cortege de republiques, les revolutions qu'elle faisait partout, ses
projets
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