te autre cause que la veritable. C'est
a propos de l'expedition d'Egypte et avec Larevelliere que la scene eut
lieu.]
Vaincu enfin par les instances et les raisons de Bonaparte, le
directoire consentit a l'expedition proposee. Il fut seduit par la
grandeur de l'entreprise, par ses avantages commerciaux, par la promesse
que fit Bonaparte d'etre de retour a l'hiver, et de tenter alors la
descente en Angleterre. Le secret fut convenu, et, pour qu'il fut
mieux garde, on ne se servit pas de la plume des secretaires. Merlin,
president du directoire, ecrivit l'ordre de sa main, et l'ordre lui-meme
ne designait pas la nature de l'entreprise. Il fut convenu que Bonaparte
pourrait emmener trente-six mille hommes de l'ancienne armee d'Italie,
un certain nombre d'officiers et de generaux a son choix, des savans,
des ingenieurs, des geographes, des ouvriers de toute espece, et
l'escadre de Brueys, renforcee d'une partie des vaisseaux restes a
Toulon. Ordre fut donne a la tresorerie de lui delivrer un million et
demi par decade. On lui permit de prendre trois millions sur les huit
du tresor de Berne. On a dit que c'etait pour pouvoir envahir l'Egypte
qu'on avait envahi la Suisse. On peut juger maintenant ce qu'il y a de
vrai dans cette supposition.
Bonaparte forma sur-le-champ une commission chargee de parcourir les
ports de la Mediterranee, et d'y preparer tous les moyens de transport.
Cette commission fut intitulee commission _pour l'armement des cotes de
la Mediterranee_. Elle ignorait avec tout le monde le but de l'armement.
Le secret etait renferme entre Bonaparte et les cinq directeurs. Comme
de grands preparatifs se faisaient dans tous les ports a la fois, on
supposait que l'armement de la Mediterranee n'etait que la consequence
de celui qui se faisait dans l'Ocean. L'armee reunie dans la
Mediterranee s'appelait aile gauche de l'armee d'Angleterre.
Bonaparte se mit a l'oeuvre avec cette activite extraordinaire qu'il
apportait a l'execution de tous ses projets. Courant alternativement
chez les ministres de la guerre, de la marine, des finances, de chez
ces ministres a la tresorerie, s'assurant par ses propres yeux de
l'execution des ordres, usant de son ascendant pour hater leur
expedition, correspondant avec tous les ports, avec la Suisse, avec
l'Italie, il fit tout preparer avec une incroyable rapidite. Il fixa
quatre points pour la reunion des convois et des troupes: le principal
convoi devait partir de Toulon, le seco
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