iques du gouvernement
vaincu appartiennent au gouvernement vainqueur. Dans tous ces petits
etats, economes et avares, il y avait d'anciennes epargnes. Berne avait
un petit tresor, qui a fourni a tous les ennemis de la France un ample
sujet de calomnies. On l'a porte a trente millions, il etait de huit.
On a dit que la France n'avait fait la guerre que pour s'en emparer,
et pour le consacrer a l'expedition d'Egypte, comme si elle avait du
supposer que les autorites de Berne auraient la maladresse de ne pas le
soustraire; comme s'il etait possible qu'elle fit une guerre et bravat
les consequences d'une pareille invasion, pour gagner huit millions.
Ces absurdites ne soutiennent pas le moindre examen[11]. On frappa une
contribution pour fournir a la solde et a l'entretien des troupes, sur
les membres des anciennes aristocraties de Berne, Fribourg, Soleure et
Zurich.
[Note 11: On les trouve repetees par madame de Stael et une foule
d'ecrivains.]
On touchait a la fin de l'hiver de 1798 (an VI); cinq mois s'etaient a
peine ecoules depuis le traite de Campo-Formio, et deja la situation de
l'Europe etait singulierement alteree. Le systeme republicain devenait
tous les jours plus envahissant; aux trois republiques deja fondees par
la France, il fallait en ajouter deux nouvelles, creees en deux mois.
L'Europe entendait retentir de toutes parts les noms de _republique
batave, republique helvetique, republique cisalpine, republique
ligurienne, republique romaine_. Au lieu de trois etats, la France en
avait cinq a diriger. C'etait une nouvelle complication de soins, et
de nouvelles explications a donner aux puissances. Le directoire se
trouvait ainsi entraine insensiblement. Il n'y a rien de plus ambitieux
qu'un systeme: il conquiert presque tout seul, et souvent meme malgre
ses auteurs.
Tandis qu'il avait a s'occuper des soins exterieurs, le directoire avait
aussi a s'inquieter des elections. Depuis le 18 fructidor, il n'etait
reste dans les conseils que les deputes que le directoire y avait
volontairement laisses, et sur lesquels il pouvait compter. C'etaient
tous ceux qui avaient ou voulu, ou souffert le coup d'etat. Six mois de
calme assez grand entre le pouvoir executif et les conseils s'etaient
ecoules, et le directoire les avait employes, comme on l'a vu, en
negociations, en projets maritimes, en creation de nouveaux etats.
Quoiqu'il eut regne beaucoup de calme, ce n'est pas a dire que l'union
fut parfaite: deux pouvoir
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