es deputes a
Paris, et insistaient vivement pour obtenir la protection francaise.
Leur compatriote, le brave et malheureux Laharpe, etait mort pour nous
en Italie, a la tete de l'une de nos divisions; ils etaient horriblement
tyrannises, et, a defaut meme de toute raison politique, la simple
humanite suffisait pour engager la France a intervenir. Il n'eut pas
ete concevable qu'avec ses nouveaux principes, la France se refusat a
l'execution des traites conservateurs de la liberte d'un peuple voisin,
et executes meme par l'ancienne monarchie. La politique seule aurait
pu l'en empecher, car c'etait donner une nouvelle alarme a l'Europe,
surtout a l'instant meme ou le trone pontifical s'ecroulait a Rome. Mais
la France, qui menageait l'Allemagne, le Piemont, Parme, la Toscane,
Naples, ne croyait pas devoir les memes menagemens a la Suisse, et
tenait surtout beaucoup a etablir un gouvernement analogue au sien, dans
un pays qui passait pour la clef militaire de toute l'Europe. Ici, comme
a l'egard de Rome, le directoire fut entraine hors de sa politique
expectante par un interet majeur. Replacer les Alpes dans des mains
amies fut un motif aussi entrainant que celui de renverser la papaute.
En consequence, le 8 nivose (28 decembre 1797), il declara qu'il prenait
les Vaudois sous sa protection, et que les membres des gouvernemens de
Berne et de Fribourg repondraient de la surete de leurs proprietes et de
leurs personnes. Sur-le-champ le general Menard, a la tete de l'ancienne
division Massena, repassa les Alpes et vint camper a Carouge, en vue du
lac de Geneve. Le general Schawembourg remonta le Rhin avec une division
de l'armee d'Allemagne, et vint se placer dans l'Erguel, aux environs de
Bale. A ce signal, la joie eclata dans le pays de Vaud, dans l'eveche
de Bale, dans les campagnes de Zurich. Les Vaudois demanderent aussitot
leurs anciens etats. Berne repondit qu'on recevrait des petitions
individuelles, mais qu'il n'y aurait pas de reunion d'etats, et
exigea le renouvellement du serment de fidelite. Ce fut le signal de
l'insurrection pour les Vaudois. Les baillifs, dont la tyrannie etait
odieuse, furent chasses, du reste sans mauvais traitemens; des arbres de
liberte furent plantes partout, et en quelques jours le pays de Vaud
se constitua en _republique lemanique_. Le directoire la reconnut, et
autorisa le general Menard a l'occuper, en signifiant au canton de Berne
que son independance etait garantie par la France. Penda
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