re sans s'exposer a de hautes
hostilites. L'Autriche ne manquerait pas d'intervenir pour la Toscane,
pour Naples et peut-etre pour le Piemont; l'Espagne interviendrait
certainement pour le prince de Parme. Il fallait donc s'attacher, si
de nouveaux evenemens venaient a eclater, a n'en pas avoir la
responsabilite.
Telles etaient les instructions du directoire; mais on ne gouverne pas
les passions, et surtout celle de la liberte. La France pouvait-elle
empecher que les democrates francais, liguriens et cisalpins, ne
correspondissent avec les democrates piemontais, toscans, romains et
napolitains, ne leur soufflassent le feu de leurs opinions, de leurs
encouragemens et de leurs esperances? Ils leur disaient que la politique
empechait le gouvernement francais d'intervenir ostensiblement dans les
revolutions qui se preparaient partout, mais qu'il les protegerait une
fois faites; qu'il fallait avoir le courage de les essayer, et que
sur-le-champ arriveraient des secours.
L'agitation regnait dans tous les etats Italiens. On y multipliait
les arrestations, et nos ministres accredites se bornaient a reclamer
quelquefois les individus injustement poursuivis. En Piemont, les
arrestations etaient nombreuses; mais l'intercession de la France etait
souvent ecoutee. En Toscane il regnait assez de moderation. A Naples, il
y avait une classe d'hommes qui partageait les opinions nouvelles; mais
une cour aussi mechante qu'insensee luttait contre ces opinions par
les fers et les supplices. Notre ambassadeur Trouve etait abreuve
d'humiliations. Il etait sequestre comme un pestifere. Defense etait
faite aux Napolitains de le voir. Il avait eu de la peine a se procurer
un medecin. On jetait dans les cachots ceux qui etaient accuses d'avoir
eu des communications avec la legation francaise, ou qui portaient les
cheveux coupes et sans poudre. Les lettres de l'ambassadeur etaient
saisies, decachetees, et gardees par la police napolitaine pendant
dix ou douze jours. Des Francais avaient ete assassines. Meme quand
Bonaparte etait en Italie, il avait eu de la peine a contenir les
fureurs de la cour de Naples, et maintenant qu'il n'y etait plus, on
juge de quoi elle devait etre capable. Le gouvernement francais avait
assez de force pour la punir cruellement de ses fautes; mais pour ne pas
troubler la paix generale, il avait recommande a son ministre Trouve de
garder la plus grande mesure, de s'en tenir a des representations, et de
tacher de la ra
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