pape,
ils se refugierent dans la juridiction de l'ambassadeur francais, et
sous les arcades du palais Corsini, qu'il habitait. Joseph accourut avec
quelques militaires francais, et le general Duphot, jeune officier tres
distingue de l'armee d'Italie. Il voulait s'interposer entre les troupes
papales et les insurges, pour eviter un massacre. Mais les troupes
papales, sans respect pour l'ambassadeur, firent feu, et tuerent a ses
cotes l'infortune Duphot. Ce jeune homme allait epouser une belle-soeur
de Joseph. Sa mort produisit une commotion extraordinaire. Plusieurs
ambassadeurs etrangers coururent chez Joseph, particulierement le
ministre d'Espagne, d'Azara. Le gouvernement romain, seul, demeura
quatorze heures sans envoyer chez le ministre de France, quoique
celui-ci n'eut cesse de lui ecrire pendant la journee. Joseph, indigne,
demanda sur-le-champ ses passeports; on les lui donna, et il partit
aussitot pour la Toscane.
Cet evenement produisit une vive sensation. Il etait visible que le
gouvernement romain aurait pu prevenir cette scene, car elle etait
prevue a Rome deux jours d'avance, mais qu'il avait voulu la laisser
eclater, pour infliger aux democrates une correction severe, et que
dans le tumulte il n'avait pas su prendre ses precautions, de maniere
a prevenir une violation du droit des gens et un attentat contre la
legation francaise. Aussitot une grande indignation se manifesta dans la
Cisalpine, et parmi tous les patriotes italiens, contre le gouvernement
romain. L'armee d'Italie demandait a grands cris a marcher sur Rome.
Le directoire etait fort embarrasse: il voyait dans le pape le chef
spirituel du parti ennemi de la revolution. Detruire le pontife de cette
vieille et tyrannique religion chretienne le tentait fort, malgre le
danger de blesser les puissances et de provoquer leur intervention.
Cependant, quels que fussent les inconveniens d'une determination
hostile, les passions revolutionnaires l'emporterent ici, et le
directoire ordonna au general Berthier, qui commandait en Italie, de
marcher sur Rome. Il esperait que le pape n'etant le parent ni l'allie
d'aucune cour, sa chute ne provoquerait aucune intervention puissante.
La joie fut grande chez tous les republicains et les partisans de la
philosophie. Berthier arriva le 22 pluviose (10 fevrier 1798) en vue de
l'ancienne capitale du monde, que les armees republicaines n'avaient pas
encore visitee. Nos soldats s'arreterent un instant, pour contem
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