traite. Il y avait la une malveillance
evidente. Bonaparte, oblige de choisir lui-meme les individus composant
les conseils et le gouvernement, n'avait pu s'assurer de la nature de
tous ses choix, et il devenait necessaire de les modifier. Les
conseils actuels, nommes militairement par Bonaparte, furent modifies
militairement par Berthier. Celui-ci eloigna quelques-uns des membres
les plus obstines, et fit presenter le traite, qui fut aussitot accepte.
Il etait facheux que la France fut encore obligee de laisser voir sa
main, car l'Autriche pretendit sur-le-champ que, malgre toutes les
promesses faites a Campo-Formio, la Cisalpine n'etait pas une republique
independante, et qu'elle etait evidemment une province francaise. Elle
fit des difficultes pour l'admission du ministre Marescalchi, accredite
aupres d'elle par la Cisalpine.
Le territoire forme par la France et les nouvelles republiques
s'engrenait avec l'Europe, encore feodale, de la maniere la plus
dangereuse pour la paix des deux systemes. La Suisse, toute feodale
encore quoique republicaine, etait englobee entre la France, la Savoie,
devenue province francaise, et la Cisalpine. Le Piemont, avec lequel la
France avait contracte une alliance, etait enveloppe par la France,
la Savoie, la Cisalpine et la Ligurie. La Cisalpine et la Ligurie
enveloppaient le Parmesan et la Toscane, et pouvaient communiquer leur
fievre a Rome et a Naples. Le directoire avait recommande a ses agens la
plus grande reserve, et leur avait defendu de donner aucune esperance
aux democrates: Ginguene en Piemont, Cacault en Toscane, Joseph
Bonaparte a Rome, Trouve a Naples, avaient ordre precis de temoigner
les dispositions les plus amicales aux princes aupres desquels ils
residaient. Ils devaient assurer que les intentions du directoire
n'etaient nullement de propager les principes revolutionnaires, qu'il se
contenterait de maintenir le systeme republicain la ou il etait etabli,
mais qu'il ne ferait rien pour l'etendre chez les puissances qui se
conduiraient loyalement avec la France. Les intentions du directoire
etaient sinceres et sages. Il souhaitait sans doute les progres de la
revolution; mais il ne devait pas les propager plus long-temps par les
armes. Il fallait, si la revolution eclatait dans de nouveaux etats,
qu'on ne put reprocher a la France une participation active. D'ailleurs
l'Italie etait remplie de princes, parens ou allies des grandes
puissances, auxquels on ne pouvait nui
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