nt seuls au milieu de vous."
Cette derniere phrase etait une reponse a ceux qui disaient qu'il
voulait se faire roi de la Lombardie. Il n'etait rien qu'il preferat au
titre et au role de premier general de la republique francaise. L'un des
negociateurs autrichiens lui avait offert de la part de l'empereur un
etat en Allemagne; il avait repondu qu'il ne voulait devoir sa fortune
qu'a la reconnaissance du peuple francais. Entrevoyait-il son avenir?
Non, sans doute; mais ne fut-il que premier citoyen de la republique, on
comprend qu'il le preferat en ce moment. Les Italiens l'accompagnerent
de leurs regrets et virent avec peine s'evanouir cette brillante
apparition. Bonaparte traversa rapidement le Piemont pour se rendre par
la Suisse a Rastadt. Des fetes magnifiques, des presens pour lui et
sa femme, etaient prepares sur la route. Les princes et les peuples
voulaient voir ce guerrier si celebre, cet arbitre de tant de destinees.
A Turin, le roi avait fait preparer des presens, afin de lui temoigner
sa reconnaissance pour l'appui qu'il en avait recu aupres du directoire,
En Suisse, l'enthousiasme des Vaudois fut extreme pour le liberateur
de la Valteline. Des jeunes filles, habillees aux trois couleurs, lui
presenterent des couronnes. Partout etait inscrite cette maxime si chere
aux Vaudois: _Un peuple ne peut etre sujet d'un autre peuple_. Bonaparte
voulait voir l'ossuaire de Morat; il y trouva une foule de curieux
empresses de le suivre partout. Le canon tirait dans les villes ou il
passait. Le gouvernement de Berne, qui voyait avec depit l'enthousiasme
qu'inspirait le liberateur de la Valteline, fit defendre a ses officiers
de tirer le canon; on lui desobeit. Arrive a Rastadt, Bonaparte trouva
tous les princes allemands impatiens de le voir. Il fit sur-le-champ
prendre aux negociateurs francais l'attitude qui convenait a leur
mission et a leur role. Il refusa de recevoir M. de Fersen, que la Suede
avait choisi pour la representer au congres de l'Empire, et que ses
liaisons avec l'ancienne cour de France rendaient peu propre a traiter
avec la republique francaise. Ce refus fit une vive sensation, et
prouvait le soin constant que Bonaparte mettait a relever la _grande
nation_, comme il l'appelait dans toutes ses harangues. Apres avoir
echange les ratifications du traite de Campo-Formio, et fait les
arrangemens necessaires a la remise de Mayence, il resolut de partir
pour Paris. Il ne voyait rien de grand a discuter a Rast
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