egrite de l'empire
germanique, les plenipotentiaires francais declarerent ces pouvoirs
bornes et insuffisans, et en exigerent d'autres. La deputation s'en
fit donner de nouveaux par la diete; mais, quoique ayant desormais la
faculte de conceder la ligne du Rhin, et de renoncer a la rive gauche,
elle persista neanmoins a la defendre. Elle donnait beaucoup de raisons,
car les raisons ne manquent jamais. L'empire germanique, disait la
deputation, n'avait point ete le premier a declarer la guerre. Bien
avant que la diete de Ratisbonne en eut fait la declaration, Custine
avait surpris Mayence et envahi la Franconie. Il n'avait donc fait que
se defendre. La privation d'une partie de son territoire bouleversait
sa constitution, et compromettait son existence, qui importait a toute
l'Europe. Les provinces de la rive gauche, qu'on voulait lui enlever,
etaient d'une modique importance pour un etat devenu aussi vaste que la
republique francaise. La ligne du Rhin pouvait etre remplacee par une
autre ligne militaire, la Moselle par exemple. La republique, enfin,
renoncait pour de tres miserables avantages, a la gloire si belle, si
pure, et si utile pour elle, de la moderation politique. En consequence,
la deputation proposait d'abandonner tout ce que l'Empire avait possede
au-dela de la Moselle, et de prendre cette riviere pour limite. A ces
raisons la France en avait d'excellentes a opposer. Sans doute, elle
avait pris l'offensive, et commence la guerre de fait; mais la guerre
veritable, celle d'intention, de machinations, de preparatifs, avait ete
commencee par l'Empire. C'etait a Treves, a Coblentz, qu'avaient ete
recueillis et organises les emigres; c'etaient de la que devaient partir
les phalanges chargees d'humilier, d'abrutir, de demembrer la France. La
France, au lieu d'etre vaincue, etait victorieuse; elle en profitait,
non pour rendre le mal qu'on avait voulu lui faire, mais pour
s'indemniser de la guerre qu'on lui avait faite, en exigeant sa
veritable limite naturelle, la limite du Rhin.
On disputait donc, car les concessions, meme les plus inevitables, sont
toujours contestees. Mais il etait evident que la deputation allait
ceder la rive gauche, et ne faisait cette resistance que pour obtenir de
meilleures conditions sur d'autres points en litige. Tel etait l'etat
des negociations de Rastadt, au mois de pluviose an VI (fevrier 1798).
Augereau, auquel le directoire avait donne, pour s'en debarrasser, le
commandement de
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