l'armee d'Allemagne, s'etait entoure des jacobins
les plus forcenes. Il ne pouvait que porter ombrage a l'Empire, qui
redoutait surtout la contagion des nouveaux principes, et qui se
plaignait d'ecrits incendiaires repandus en Allemagne. Tant de tetes
fermentaient en Europe, qu'il n'etait pas necessaire de supposer
l'intervention francaise pour expliquer la circulation d'ecrits
revolutionnaires. Mais il importait au directoire de s'eviter toute
plainte; d'ailleurs il etait mecontent de la conduite turbulente
d'Augereau; il lui ota son commandement, et l'envoya a Perpignan, sous
pretexte d'y reunir une armee, qui etait destinee, disait-on, a agir
contre le Portugal. Cette cour, a l'instigation de Pitt, n'avait pas
ratifie le traite fait avec la republique, et on menacait d'aller
frapper en elle une alliee de l'Angleterre. Du reste, ce n'etait la
qu'une vaine demonstration, et la commission donnee a Augereau etait une
disgrace deguisee.
La France, outre les rapports directs qu'elle commencait a renouer avec
les puissances de l'Europe, avait a diriger, comme nous l'avons dit, les
republiques nouvelles. Elles etaient naturellement agitees de partis
contraires. Le devoir de la France etait de leur epargner les
convulsions qui l'avaient dechiree elle-meme. D'ailleurs, elle etait
appelee et payee pour cela. Elle avait des armees en Hollande, dans la
Cisalpine et la Ligurie, entretenues aux frais de ces republiques. Si,
pour ne point paraitre attenter a leur independance, elle les livrait a
elles-memes, il y avait danger de voir, ou une contre-revolution, ou
un dechainement de jacobinisme. Dans un cas, il y avait peril pour le
systeme republicain; dans l'autre, pour le maintien de la paix generale.
Les jacobins, devenus les maitres en Hollande, etaient capables
d'indisposer la Prusse et l'Allemagne; devenus les maitres dans la
Ligurie et la Cisalpine, ils etaient capables de bouleverser l'Italie,
et de rappeler l'Autriche en lice. Il fallait donc moderer la marche
de ces republiques; mais en la moderant, on s'exposait a un autre
inconvenient. L'Europe se plaignait que la France eut fait, des
Hollandais, des Cisalpins, des Genois, des sujets plutot que des allies,
et lui reprochait de viser a une domination universelle. Il fallait donc
choisir des agens qui eussent exactement la nuance d'opinion convenable
au pays ou ils devaient resider, et assez de tact pour faire sentir la
main de la France, sans la laisser apercevoir. Il y
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