rs, et laisser le gouvernement
s'user davantage dans sa penible lutte contre les partis.
On a vu que le jour meme ou la signature du traite de Campo-Formio
fut connue a Paris, le directoire, voulant tourner les esprits contre
l'Angleterre, crea sur-le-champ une armee dite d'_Angleterre_, et en
donna le commandement au general Bonaparte. Le gouvernement songeait
franchement et sincerement a prendre la voie la plus courte pour
attaquer l'Angleterre, et voulait y faire une descente. L'audace des
esprits, a cette epoque, portait a regarder cette entreprise comme tres
executable. L'expedition deja tentee en Irlande prouvait qu'on pouvait
passer a la faveur des brumes ou d'un coup de vent. On ne croyait pas
qu'avec tout son patriotisme, la nation anglaise, qui alors ne s'etait
pas fait une armee de terre, put resister aux admirables soldats de
l'Italie et du Rhin, et surtout au genie du vainqueur de Castiglione,
d'Arcole et de Rivoli. Le gouvernement ne voulait laisser que vingt-cinq
mille hommes en Italie, il ramenait tout le reste dans l'interieur.
Quant a la grande armee d'Allemagne, composee des deux armees du Rhin
et de Sambre-et-Meuse, il allait la reduire a la force necessaire pour
imposer a l'Empire pendant le congres de Rastadt, et il voulait faire
refluer le reste vers les cotes de l'Ocean. On donnait la meme direction
a toutes les troupes disponibles. Les generaux du genie parcouraient
les cotes pour choisir les meilleurs points de debarquement; des ordres
etaient donnes pour reunir dans les ports des flottilles considerables;
une activite extreme regnait dans la marine. On esperait toujours qu'un
coup de vent finirait par ecarter l'escadre anglaise qui bloquait
la rade de Cadix, et qu'alors la marine espagnole pourrait venir se
coaliser avec la marine francaise. Quant a la marine hollandaise, qu'on
se flattait aussi de reunir a la notre, elle venait d'essuyer un rude
echec a la vue du Texel, et il n'en etait rentre que des debris dans les
ports de la Hollande. Mais la marine espagnole et francaise suffisait
pour couvrir le passage d'une flottille et s'assurer le transport de
soixante ou quatre-vingt mille hommes en Angleterre. Pour seconder tous
ces preparatifs, on avait songe a se procurer de nouveaux moyens de
finances. Le budget, fixe, comme on l'a vu, a 616 millions pour l'an
VI, ne suffisait pas a un armement extraordinaire. On voulait faire
concourir le commerce a une entreprise qui etait toute dans ses
int
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