e a Paris en decembre
1797. L'annee 1798 s'ouvrait (nivose et pluviose an VI). Il ne voulait
pas se rendre a la ceremonie, comme s'il eut desapprouve l'acte qu'on
celebrait, ou qu'il eut voulu faire quelque chose pour les hommes que
ses proclamations du 18 fructidor et la mitraillade du 13 vendemiaire
lui avaient alienes. On voulait qu'il y figurat a tous les titres.
Naguere general en chef de l'armee d'Italie et plenipotentiaire de la
France a Campo-Formio, il etait aujourd'hui l'un des plenipotentiaires
du congres de Rastadt et general de l'armee d'Angleterre; il devait donc
assister aux solennites de son gouvernement. Il disait que ce n'etaient
pas la des qualites qui l'obligeassent a figurer, et que des lors sa
presence etant volontaire, paraitrait un assentiment qu'il ne voulait
pas donner. On transigea. L'Institut devait assister en corps a la
ceremonie; il se mela dans ses rangs, et parut remplir un devoir de
corps. Entre toutes les qualites accumulees deja sur sa tete, celle de
membre de l'Institut etait certainement la plus commode, et il savait
s'en servir a propos.
La puissance naissante est bientot devinee. Une foule d'officiers et de
flatteurs entouraient deja Bonaparte; ils lui demandaient s'il allait
toujours se borner a commander les armees, et s'il ne prendrait pas
enfin au gouvernement des affaires la part que lui assuraient son
ascendant et son genie politique. Sans savoir encore ce qu'il pouvait et
devait etre, il voyait bien qu'il etait le premier homme de son temps.
En voyant l'influence de Pichegru aux cinq-cents, celle de Barras au
directoire, il lui etait permis de croire qu'il pourrait avoir un grand
role politique; mais il n'en avait dans ce moment aucun a jouer. Il
etait trop jeune pour etre directeur; il fallait avoir quarante ans, et
il n'en avait pas trente. On parlait bien d'une dispense d'age, mais
c'etait une concession a obtenir, qui alarmerait les republicains, qui
leur ferait jeter les hauts cris, et qui ne vaudrait pas certainement
les desagremens qu'elle lui causerait. Etre associe, lui cinquieme, au
gouvernement, n'avoir que sa voix au directoire, s'user en luttant avec
des conseils independans encore, c'etait un role dont il ne voulait pas;
et ce n'etait pas la peine de provoquer une illegalite pour un pareil
resultat. La France avait encore un puissant ennemi a combattre,
l'Angleterre; et, bien que Bonaparte fut couvert de gloire, il lui
valait mieux cueillir de nouveaux laurie
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