ns pour refuser sa ratification; et
il eut ete fort important de donner une lecon severe au jeune audacieux
qui avait enfreint des ordres precis. Mais comment tromper l'attente
generale? comment oser refuser une seconde fois la paix, apres l'avoir
refusee a Lille? On voulait donc justifier tous les reproches des
victimes de fructidor, et mecontenter gravement l'opinion? Il y avait
un autre danger non moins grand a la braver. En effet, en rejetant le
traite, Bonaparte donnait sa demission, et des revers allaient
suivre inevitablement la reprise des hostilites en Italie. De quelle
responsabilite ne se chargeait-on pas, dans ce cas-la? D'ailleurs le
traite avait d'immenses avantages: il ouvrait un superbe avenir; il
donnait, de plus que celui de Leoben, Mayence et Mantoue; enfin il
laissait libres toutes les forces de la France, pour en accabler
l'Angleterre.
Le directoire approuva donc le traite: la joie n'en fut que plus vive et
plus profonde. Sur-le-champ, par un calcul habile, le directoire songea
a tourner tous les esprits contre l'Angleterre: le heros d'Italie et ses
invincibles compagnons durent voler d'un ennemi a l'autre, et, le jour
meme ou l'on publiait le traite, un arrete nomma Bonaparte general en
chef de l'armee d'Angleterre.
Bonaparte se disposa a quitter l'Italie, pour venir enfin gouter
quelques instans de repos, et jouir d'une gloire, la plus grande connue
dans les temps modernes. Il etait nomme plenipotentiaire a Rastadt, avec
Bonnier et Treilhard, pour y traiter de la paix avec l'Empire. Il etait
convenu aussi qu'il trouverait a Rastadt M. de Cobentzel, avec qui il
echangerait les ratifications du traite de Campo-Formio. Il devait en
meme temps veiller a l'execution des conditions relatives a l'occupation
de Mayence. Avec sa prevoyance ordinaire, il avait eu soin de stipuler
que les troupes autrichiennes n'entreraient dans Palma-Nova qu'apres que
les siennes seraient entrees dans Mayence.
Avant de partir pour Rastadt, il voulut mettre la derniere main aux
affaires d'Italie. Il fit les nominations qui lui restaient a faire dans
la Cisalpine; il regla les conditions du sejour des troupes francaises
en Italie, et leurs rapports avec la nouvelle republique. Ces troupes
devaient etre commandees par Berthier, et former un corps de trente
mille hommes, entretenus aux frais de la Cisalpine; elles devaient y
demeurer jusqu'a la paix generale de l'Europe. Il retira le corps
qu'il avait a Venise, et livra c
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