ta que, si au 1er octobre
la paix avec l'empereur n'etait pas conclue, les preliminaires de Leoben
seraient regardes comme nuls. Les choses en etaient a ce point, lorsque
le 18 fructidor (4 septembre) dejoua toutes les fausses esperances de
l'Autriche. Sur-le-champ M. de Cobentzel accourut de Vienne a Udine.
Bonaparte se rendit a Passeriano, fort belle maison de campagne, a
quelque distance d'Udine, et tout annonca que cette fois le desir de
traiter etait sincere. Les conferences avaient lieu alternativement a
Udine, chez M. de Cobentzel, et a Passeriano, chez Bonaparte. M. de
Cobentzel etait un esprit subtil, abondant, mais peu logique: il etait
hautain et amer. Les trois autres negociateurs gardaient le silence.
Bonaparte representait seul pour la France, depuis la destitution de
Clarke. Il avait assez d'arrogance, la parole assez prompte et assez
tranchante pour repondre au negociateur autrichien. Quoiqu'il fut
visible que M. de Cobentzel avait l'intention reelle de traiter, il n'en
afficha pas moins les pretentions les plus extravagantes. C'etait tout
au plus si l'Autriche cedait les Pays-Bas, mais elle ne se chargeait pas
de nous assurer la limite du Rhin, disant que c'etait a l'Empire a
nous faire cette concession. En dedommagement des riches et populeuses
provinces de la Belgique, l'Autriche voulait des possessions, non pas
en Allemagne, mais en Italie. Les preliminaires de Leoben lui avaient
assigne les etats venitiens jusqu'a l'Oglio, c'est-a-dire la Dalmatie,
l'Istrie, le Frioul, le Brescian, le Bergamasque et le Mantouan, avec
la place de Mantoue; mais ces provinces ne la dedommageaient pas de la
moitie de ce qu'elle perdait en cedant la Belgique et la Lombardie. Ce
n'etait pas trop, disait M. de Cobentzel, de lui laisser non-seulement
la Lombardie, mais de lui donner encore Venise et les legations, et de
retablir le duc de Modene dans son duche.
A toute la faconde de M. de Cobentzel, Bonaparte ne repondait que par
un imperturbable silence; et a ses pretentions folles, que par des
pretentions aussi excessives, enoncees d'un ton ferme et tranchant. Il
demandait la ligne du Rhin pour la France, Mayence comprise, et la ligne
de l'Izonzo pour l'Italie. Entre ces pretentions opposees il fallait
prendre un milieu. Bonaparte, comme nous l'avons deja dit, avait cru
entrevoir qu'en cedant Venise a l'Autriche (concession qui n'etait pas
comprise dans les preliminaires de Leoben, parce qu'on ne songeait pas
alors a det
|