uinaires du comite de salut
public, le tourmentait. Ce n'etait pas assez a ses yeux des explications
fort naturelles qu'il avait donnees; il aurait voulu par tous les moyens
prouver qu'il n'etait pas un monstre; et il etait capable de beaucoup de
sacrifices pour donner cette preuve. Les partis savent tout, devinent
tout; ils ne sont difficiles a l'egard des hommes que lorsqu'ils sont
victorieux; mais quand ils sont vaincus, ils se recrutent de toutes les
manieres, et mettent particulierement un grand soin a flatter les chefs
des armees. Les royalistes avaient bientot connu les dispositions de
Carnot a l'egard de Barras et du parti patriote. Ils devinaient son
besoin de se rehabiliter; ils sentaient son importance militaire, et ils
avaient soin de le traiter autrement que ses collegues, et de parler de
lui de la maniere qu'ils savaient la plus capable de le toucher. Aussi,
tandis que la cohue de leurs journaux ne tarissait pas d'injures
grossieres pour Barras, Larevelliere et Rewbell, elle n'avait que des
eloges pour l'ex-montagnard et regicide Carnot. D'ailleurs, en gagnant
Carnot, ils avaient aussi Letourneur, et c'etaient deux voix acquises
par une ruse vulgaire, mais puissante, comme toutes celles qui
s'adressent a l'amour propre. Carnot avait la faiblesse de ceder a ce
genre de seduction; et, sans cesser d'etre fidele a ses convictions
interieures, il formait, avec son ami Letourneur, dans le sein du
directoire, une espece d'opposition analogue a celle que le nouveau
tiers formait dans les deux conseils. Dans toutes les questions soumises
a la decision du directoire, il se prononcait pour l'avis adopte par
l'opposition des conseils. Ainsi, dans toutes les questions relatives
a la paix et a la guerre, il votait pour la paix, a l'exemple de
l'opposition, qui affectait de la demander sans cesse. Il avait
fortement insiste pour qu'on fit a l'empereur les plus grands
sacrifices, pour qu'on signat la paix avec Naples et avec Rome, sans
s'arreter a des conditions trop rigoureuses.
De pareils dissentimens ont a peine eclate, qu'ils font des progres
rapides. Le parti qui veut en profiter loue a outrance ceux qu'il veut
gagner, et deverse le blame sur les autres. Cette tactique avait eu
son succes accoutume. Barras, Rewbell, deja ennemis de Carnot, lui en
voulaient encore davantage depuis les eloges dont il etait l'objet,
et lui imputaient le dechainement auquel eux-memes etaient en
butte. Larevelliere employait de vains eff
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