ouderat pres, qui blessait leur orgueil; enfin les democrates
prononces, parti bruyant, audacieux, implacable, compose de tetes
ardentes et d'aventuriers. Ces trois partis se combattaient avec
acharnement et retardaient l'etablissement de la constitution du pays.
Outre ces embarras, la Hollande craignait toujours une invasion de la
Prusse, qui n'etait contenue que par les succes de la France. Elle
voyait son commerce gene dans le Nord par les Anglais et les Russes;
enfin elle perdit toutes ses colonies par la trahison de la plupart de
ses commandans. Le cap de Bonne-Esperance, Trinquemale, les Moluques,
etaient deja au pouvoir des Anglais. Les troupes francaises, campees en
Hollande pour la couvrir contre la Prusse, observaient la plus louable
et la plus severe discipline; mais les administrations et les chefs
militaires ne s'y conduisaient ni avec menagement, ni avec probite. Le
pays etait donc horriblement surcharge. On en pourrait conclure que la
Hollande avait mal fait de se lier a la France, mais ce serait raisonner
legerement. La Hollande, placee entre les deux masses belligerantes, ne
pouvait pas echapper a l'influence des vainqueurs. Sous le stathouder,
elle etait sujette de l'Angleterre et sacrifiee a ses interets, elle
avait de plus l'esclavage interieur. En s'alliant a la France,
elle courait les chances attachees a la nature de cette puissance,
continentale plutot que maritime, et compromettait ses colonies; mais
elle pouvait un jour, grace a l'union des trois marines du continent,
recouvrer ce qu'elle avait perdu; elle pouvait esperer une constitution
raisonnable sous la protection francaise. Tel est le sort des etats;
s'ils sont forts, ils font eux-memes leurs revolutions, mais ils en
subissent tous les desastres et se noient dans leur propre sang; s'ils
sont faibles, ils voient leurs voisins venir les revolutionner a main
armee, et subissent tous les inconvenients de la presence des armees
etrangeres. Ils ne s'egorgent pas, mais ils paient les soldats qui
viennent faire la police chez eux. Telle etait la destinee de la
Hollande et sa situation par rapport a nous. Dans cet etat, elle n'avait
pas ete fort utile au gouvernement francais. Sa marine et son armee se
reorganisaient tres lentement; les rescriptions bataves, avec lesquelles
avait ete payee l'indemnite de guerre de cent millions, s'etaient
negociees presque pour rien, et les avantages de l'alliance etaient
devenus presque nuls pour la France: aussi i
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