gardait nullement comme
liee par son traite. Cette puissance avait envie d'intervenir dans la
querelle, soit pour s'emparer d'une partie des depouilles du pape, soit
pour empecher qu'on n'etablit une republique a Rome, et qu'on ne placat
ainsi la revolution a ses portes. Bonaparte reunit a Bologne la division
Victor, les nouvelles troupes italiennes levees en Lombardie et dans
la Cispadane, et s'achemina a leur tete, pour executer lui-meme une
entreprise qui, pour etre conduite a bien, exigeait tout ce qu'il avait
de tact et de promptitude.
Le pape etait dans la plus cruelle anxiete; l'empereur ne lui avait
promis son alliance qu'aux plus dures conditions, c'est-a-dire au prix
de Ferrare et de Commachio; mais cette alliance meme ne pouvait plus
etre efficace, depuis que l'armee d'Alvinzy n'existait plus. Le
Saint-Siege s'etait donc compromis inutilement. La correspondance du
cardinal Busca, secretaire d'etat, et ennemi jure de la France, avait
ete interceptee. Les projets contre l'armee francaise, qu'on avait voulu
prendre par derriere, etaient devoiles; il ne restait plus aucune excuse
pour invoquer la clemence du vainqueur, dont on refusait depuis un
an d'ecouter les propositions. Lorsque le ministre Cacault publia le
manifeste du general francais et qu'il demanda a se retirer, on n'osa
pas le retenir par un reste d'orgueil, mais on fut dans une cruelle
inquietude. Bientot on n'ecouta plus que les conseils du desespoir. Le
general autrichien Colli, arrive a Rome avec quelques officiers, fut mis
a la tete des troupes papales; on fit des predications fanatiques dans
toutes les provinces romaines; on promit le ciel a tous ceux qui se
devoueraient pour le Saint-Siege, et on tacha d'exciter une Vendee
autour de Bonaparte. Des prieres instantes furent adressees a la cour
de Naples, pour reveiller tout ce qu'elle avait d'ambition et de zele
religieux.
Bonaparte s'avanca rapidement pour ne pas donner a l'incendie le temps
de se propager. Le 16 pluviose an V (4 fevrier), il marcha sur le Senio.
L'armee papale s'y etait retranchee; elle se composait de sept a huit
mille hommes de troupes regulieres, et de grand nombre de paysans armes
a la hate et precedes de leurs moines. Cette armee presentait l'aspect
le plus burlesque. Un parlementaire vint declarer que si l'armee de
Bonaparte persistait a s'avancer, on tirerait sur elle. Elle s'avanca
neanmoins vers le pont du Senio qui etait assez bien retranche. Lannes
remonta son co
|